Le président des États-Unis Barack Obama a appelé dimanche à la libération d'une journaliste irano-américaine condamnée à huit ans de prison en Iran pour espionnage, niant qu'elle soit un agent de renseignement américain.

La journaliste Roxana Saberi «est une citoyenne américaine et je suis absolument certain qu'elle n'était impliquée dans aucune sorte d'activité d'espionnage», a déclaré M. Obama à la presse à l'issue du sommet des Amériques à Trinité-et-Tobago. Samedi l'avocat de Roxana Saberi, arrêtée à la fin janvier et jugée à huis clos, a annoncé que la journaliste avait été condamnée à huit ans de prison, malgré les appels de Washington à sa libération.

Melle Saberi, jugée lundi dernier par le tribunal révolutionnaire de Téhéran, qui a interjeté appel de sa condamnation, est née aux États-Unis et réside en Iran depuis 2003. Elle dispose d'un passeport iranien. Les autorités ont dit lui avoir retiré sa carte de presse en 2006.

«C'était une Irano-Américaine qui avait de l'intérêt pour le pays dont sa famille était originaire, et il est nécessaire pour elle d'être traitée en tant que telle et d'être libérée», a estimé en outre le président américain.

Dimanche, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a demandé, dans une intervention inédite, que soient garantis les droits de la jounaliste.

«À l'insistance du président, faites le nécessaire pour assurer le respect de la justice et l'exactitude dans l'examen des accusations contre ces personnes», dit une lettre signée par le chef de cabinet présidentiel iranien, Abdolreza Sheikholeslami, adressée au procureur de Téhéran Saïd Mortazavi.

C'est la première fois que M. Ahmadinejad intervient dans une affaire judiciaire depuis son élection en 2005.

Après l'annonce de cette condamnation samedi, Denis McDonough, un collaborateur de M. Obama qui participait au sommet des Amériques à Port of Spain, avait déclaré qu'il s'agissait aux yeux du président américain d'«un coup très sévère et d'une grande déception pour sa famille en particulier».

M. Obama a été «très affecté de voir combien cela doit être difficile pour la famille. Il a souligné notre conviction qu'elle était accusée à tort, que c'était une journaliste qui n'avait fait qu'exercer son métier», a-t-il ajouté.

M. McDonough s'est gardé de s'exprimer sur le coup que cette condamnation pourrait porter aux efforts de M. Obama pour rouvrir un large dialogue avec l'Iran.

L'annonce du jugement puis de sa condamnation a coïncidé avec une multiplication d'appels au dialogue des États-Unis adressés à l'Iran.

Les autorités américaines se montrent volontiers discrètes dans des affaires impliquant des Irano-Américains en Iran par souci de ne pas envenimer les choses et de ne pas permettre au système judiciaire ultra-conservateur iranien d'utiliser contre eux le soutien du gouvernement des États-Unis.

 Les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues depuis 1980, et le président Barack Obama s'est dit prêt à «tendre la main» à Téhéran.