Pour une fois, ce n'est pas lui la star... Si Hugo Chavez a été le meilleur à l'applaudimètre à son arrivée au sommet des Amériques, ce n'est que parce que Barack Obama s'était faufilé par la petite porte.

La preuve en était faite quelques instants plus tard, lorsque le président américain est entré à son tour dans la salle où les dignitaires de 34 pays étaient rassemblés. Le tonnerre d'applaudissements et l'ovation debout n'ont plus laissé aucun doute: personne n'avait été accueilli avec autant de chaleur que le nouveau «yankee» en chef... Des applaudissements ont à nouveau interrompu Barack Obama quand il a promis un «partenariat d'égal à égal» avec chacun des pays de la région et s'est engagé à réparer la relation des États-Unis avec Cuba.

L'habituellement flamboyant Hugo Chavez pendant tout ce temps est resté inhabituellement calme, ne pipant mot et n'intervenant pas pendant la cérémonie d'ouverture.

Soit un réel contraste avec le précédent sommet des Amériques, en 2005, où le président vénézuélien avait mené l'assaut de l'hémisphère contre l'accord commercial prôné par son ennemi juré, George W. Bush.

Si Hugo Chavez demeure populaire parmi les dirigeants de la gauche latino-américaine, son étoile s'est considérablement affaiblie avec le changement de locataire à la Maison-Blanche, une fois parti le président Bush que tous avaient adoré détester.

«Au bout du compte, Chavez est un pur produit de Bush», note Marta Lagos, de l'institut de sondages Latinobarometro, basé au Chili. «Il n'aurait jamais existé si Bush ne s'était pas opposé à lui de cette manière».

«Je crois que l'élection d'Obama l'a déstabilisé. Bush était une cible tellement parfaite», renchérit Peter Hakim, président du centre de réflexion Inter-American Dialogue, dont le siège se trouve à Washington.

Signe des temps nouveaux, la poignée de main Obama-Chavez avant le début du sommet vendredi, et à l'initiative d'Obama, a été très chaleureuse, le Vénézuélien lançant à l'Américain (en anglais): «je veux être votre ami». Ce à quoi Obama lui a répondu (en espagnol): «Comment vas-tu?» (como estas?).

Et Chavez de commenter, à propos de cette brève mais souriante première rencontre: «Je crois que ça a été un bon moment. Je crois que le président Obama est un homme intelligent, à la différence du précédent président des États-Unis».

Le président vénézuélien n'est cependant pas allé jusqu'à abandonner ses vieilles habitudes, s'en prenant peu après à plusieurs reprises à la «domination des États-Unis» sur l'Organisation des États américains (OEA), ou au fait que le sommet des Amériques lui-même a vu le jour en 1994 pour servir les intérêts du grand voisin du Nord.

Il joue aussi les patriarches «chenus» à Port-of-Spain: Chavez est en effet le seul des dirigeants présents à avoir assisté aux deux précédents sommets des Amériques.

Le «seul vieux» a noté aussi «un courant de rénovation très positif» à ce sommet, tous ces petits jeunes étant selon lui ôôdisposés à inaugurer une nouvelle ère, basée sur l'indépendance, le respect, le développement».

Selon plusieurs analystes, Chavez ayant perdu sa némésis aujourd'hui se cherche: en pleine phase de réajustement, il doit évaluer comment continuer à s'en prendre aux États-Unis honnis sans toucher à l'hyper-populaire Obama...