La presse européenne épinglait vendredi Nicolas Sarkozy pour des propos peu amènes, démentis par l'Elysée, qui lui ont été prêtés jeudi par le journal français Libération sur certains dirigeants étrangers, dont le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero.

En Espagne, où le président français se rendra en visite officielle les 27 et 28 avril, la presse reprend en choeur une pique supposée de M. Sarkozy mettant en doute l'intelligence de M. Zapatero, critiquant à l'instar d'ABC (droite) «le complexe de supériorité» du dirigeant français.

«Stupide, immature, hors de propos: le jugement de Sarkozy sur ses homologues», titrait en Une le quotidien britannique The Guardian, à propos de ses commentaires supposés sur M. Zapatero, la chancelière allemande Angela Merkel ou le président américain Barack Obama.

Pour le Times (conservateur), «M. Sarkozy est irrité par l'adulation dont jouit un dirigeant américain sans expérience, dont la popularité a éclipsé (sa) réputation de sauveur du monde».

La presse allemande abordait l'épisode factuellement, comme celle d'Italie qui s'amusait de la «gaffe de Sarkozy» (La Republicca).

Selon l'article de Libération, le chef de l'Etat français se serait livré à des commentaires critiques sur les dirigeants cités lors d'un déjeuner privé à l'Elysée avec des parlementaires de droite et de gauche.

Il aurait loué «l'esprit subtil» de M. Obama tout en soulignant son manque d'expérience et se serait félicité que Mme Merkel se soit rangée à ses vues sur la crise économique.

Sur M. Zapatero, il aurait répondu à une remarque: «il se peut qu'il ne soit pas très intelligent. Moi j'en connais qui étaient très intelligents et qui n'ont pas été au second tour de la présidentielle», en référence à l'échec du socialiste français Lionel Jospin en 2002.

Un porte-parole de l'Elysée a formellement démenti jeudi tous ces propos, qui ont été également contestés par plusieurs témoins, sans convaincre en Espagne.

«Fasciné par les commérages, Sarkozy donne la véritable mesure de son altière - et trompeuse - figure politique», commentait ABC.

En Catalogne, El Periodico (centre-gauche) glosait «sur le caractère fanfaron» du président français, La Vanguardia (centre-droit) doutant «que ce soit la meilleure manière de préparer» sa visite en Espagne.

El Mundo (libéral) compte sur la présence prochaine à Madrid de Carla Bruni-Sarkozy pour «alléger les tensions et contenir les légèretés auxquelles se livre son époux quand il se sent à l'aise et desinhibé».