Les habitants de la petite ville polonaise de Kamien Pomorski, où 21 personnes dont six enfants ont péri dans l'incendie d'un foyer pour défavorisés, se recueillaient dans la nuit de lundi à mardi devant l'immeuble ravagé la veille, et apportaient des dons.

«Je connaissais ici une personne, une femme. Sa fille allait au même jardin d'enfants que la mienne. Je ne sais pas si elle est vivante. Il y avait beaucoup de femmes avec enfants qui vivaient dans ce foyer», explique Anna.

Agée d'une trentaine d'années, elle est venue avec son mari Sebastian, se recueillir lundi soir devant la grille du foyer qui a brûlé dans la nuit de dimanche à lundi dans cette agglomération du nord-ouest du pays. Elle préfère taire son nom de famille. «Je ne sais pas comment je vais faire désormais. J'habite à côté et je passe ici trois à quatre fois par jours. C'est terrible», lance-t-elle encore les larmes aux yeux.

Eclairées par des lampes puissantes installées par des stations de télévisions, les ruines du foyer ressemblent à un décor de guerre. Un amas de tôles torturées par le feu repose sur un rez-de-chaussée en béton resté a peu près intact.

Le tout dégouline d'eau versée par tonnes par les pompiers. Devant le bâtiment, des restes peu reconnaissables de meubles, d'effets personnels, des vitres brisées et des morceaux de métal. Tout autour un périmètre de sécurité a été installé par la police et les pompiers.

Devant la grille, tout comme Anna et Sebastian, des habitants de Kamien Pomorski allument des bougies, se recueillent, certains prient. Une banderole, écrite à la main avec des gros caractères rouges et accrochée à la grille crie: «Nous compatissons!».

Il s'agit de l'incendie le plus meurtrier en Pologne depuis celui d'un asile pour malades mentaux à Gorna Grupa (nord-ouest), où 55 personnes avaient péri en 1980.

«Le pire c'est le silence. Surtout pour ceux qui ont perdu leur proches», dit un porte-parole des pompiers locaux, Daniel Kowalinski. «Le bilan est de 21 morts, dont six enfants et 21 blessés».

Ce bilan pourrait encore s'alourdir, même si les pompiers ont arrêté les fouilles des décombres. Lundi soir, la police a annoncé être sans nouvelles de 11 habitants du foyer.

Une partie des rescapés ont regagné leurs familles. D'autres ont été pris en charge par la police et les autorités locales et logés dans un hôtel, où un centre d'aide psychologique a été installé. Les secouristes refusent pour l'instant tout contact entre les survivants et la presse.

Dans le même hôtel, une collecte de dons a été organisée. Après un appel lancé par le maire de Kamien Pomorski, des dizaines de personnes sont venues y déposer, qui des habits, qui de la nourriture, qui des produits chimiques ou encore du petit électroménager.

«Nous avons reçu beaucoup de dons. Nous ferons tout pour aider les rescapés également financièrement, d'autant plus que le Premier ministre Donald Tusk et le président Lech Kaczynski ont promis de nous soutenir», déclare à l'AFP Bronislaw Karpinski, maire de cette ville de dix mille habitants. Un compte bancaire a également été ouvert.

Lech Kaczynski a proclamé un deuil national de trois jours à partir de lundi à minuit et s'est rendu sur place, tout comme le Premier ministre.

«Pour l'instant, nous avons apporté des chaussures et des vêtements», explique Ewa Brzoskenewicz, la cinquantaine.

Accompagnée de sa fille, elle a fait 40 kilomètres pour venir à Kamien. «Demain, nous allons apporter de la nourriture et encore des vêtements», ajoute-t-elle. «Ces gens-là ont tout perdu, ils n'ont plus rien. Il faut les aider».