Le bilan du séisme qui a frappé les Abruzzes il y a cinq jours s'est alourdi samedi à 293 morts, trois nouveaux cadavres ayant été sortis des décombres, alors que l'espoir de retrouver des survivants s'amenuise. 

Dans la cité médiévale de L'Aquila, ville la plus touchée, les secouristes qui continuent à fouiller les ruines se sont donc montrés extrêmement prudents lorsque les chiens renifleurs ont semblé signaler qu'il y aurait de la vie sous les décombres d'un immeuble effondré: les bruits sortant des décombres pourraient tout aussi bien être de l'eau qui coule, un appareil électrique, voire même un animal.

«Le travail est long, fatiguant et délicat, car vous risquez de déclencher un effondrement. Ca ne sert à rien de travailler trop vite», a expliqué Luca Cari, porte-parole des pompiers.

A la tombée de la nuit, les recherches y ont été arrêtées, sans qu'aucun survivant ne soit retrouvé. Quant aux cadavres extraits des décombres plus tôt dans la journée, ils sembleraient être ceux des quelques personnes encore portées disparues, selon les pompiers.

Une enquête a par ailleurs été ouverte par le procureur de L'Aquila Alfredo Rossini pour déterminer s'il y a eu négligence criminelle dans la construction de certains bâtiments. Ingénieurs et géologues ont en effet estimé que des édifices aux normes antisismiques n'auraient pas dû s'écrouler dans un tremblement de terre de magnitude de 6,3.

«Nous avons le devoir de vérifier», a déclaré Rossini, dans des propos rapportés par le quotidien romain «La Repubblica». S'il s'est refusé à énumérer les bâtiments considérés comme suspects, des soupçons pèsent sur les conditions de construction d'une résidence universitaire et d'un hôpital.

Les pompiers travaillant dans les décombres ont indiqué que dans certains immeubles, des piliers en béton s'étaient effondrés en poussière, laissant penser que beaucoup de sable y aurait été mélangé.

Dans la nuit de vendredi à samedi, les habitants des Abruzzes ont connu un répit et passé leur première nuit calme depuis le séisme: depuis la secousse majeure de lundi, les répliques, fortes et incessantes, avaient continué, entretenant la peur. Selon les autorités, il y a eu des répliques, mais trop faibles pour être ressenties par la population.

Au lendemain de l'impressionnante messe collective célébrée vendredi en plein air pour plus de 200 des victimes, les villages de tentes, où sont hébergés 24.000 sans-abri, se préparaient au dimanche de Pâques, la Protection civile, les bénévoles et les pompiers tentant d'organiser tout de même la fête pour faire oublier le drame aux sans-abri. Des veillées pascales sont donc organisées dans les camps de tentes, dont certaines ont été transformées en confessionnaux ou consacrées à l'adoration.

Et selon l'agence de presse ANSA, le pape Benoît XVI, qui a promis aux survivants de bientôt venir leur rendre visite, a fait envoyer des oeufs de Pâques pour les enfants.

Enfin, toutes les rencontres de football du samedi ont été précédées d'une minute de silence pour les victimes du séisme, plusieurs clubs donnant leurs recettes pour aider les survivants.