Selon le plus récent bilan des autorités italiennes, le séisme de L'Aquila a fait 272 morts et de 20 à 30 disparus, en plus de quelque 12 000 blessés. Mais il n'y a pas que la ville de L'Aquila qui a été ravagée par le tremblement de terre. Plusieurs villages ont été rayés de la carte. Celui d'Onna, notamment, a été baptisé le «village martyr». Certains des résidants de la région, rencontrés hier par notre collaboratrice, commençaient à critiquer les secours. La plupart n'avaient toujours pas fermé l'oeil et continuaient de pleurer leurs morts. D'autres, plus sereins, se considéraient carrément comme des miraculés.

À l'entrée du village d'Onna, une odeur de putréfaction agresse les narines. Situé à un jet de pierre de la ville d'Aquila, le hameau empeste la mort. Un troupeau de chèvres a été enterré vivant lors du séisme de lundi matin.

 

Partout où le regard se pose, c'est un spectacle de désolation. Le village de 300 personnes a été rasé. Disparu de la carte. Environ 90% des maisons ont été détruites ou endommagées.

Beaucoup se sont effondrées comme des châteaux de cartes. Dans les amoncellements de plâtre, de béton et de pierres, surgissent un ordinateur, un matelas, un tapis.

Bien des vies ont été détruites. Pas moins de 49 personnes sont mortes. Un résidant sur six.

Ceux qui sont toujours debout pleurent les morts, mais aussi les blessés.

C'est le cas d'Anna Pezzopane. Sa fille et sa petite-fille se sont fracturé l'épaule et l'avant-bras.

«Elles dormaient à l'étage supérieur de notre maison, raconte la dame de 76 ans en serrant un mouchoir. Le toit s'est écroulé et elles sont restées coincées là-haut. Par miracle, elles ont trouvé une corde qu'elles ont attachée au calorifère. Elles ont descendu le mur extérieur ainsi.»

Visite du pape

Les autorités dénombraient 272 morts hier soir, dont 16 enfants. Le gouvernement italien a décrété Vendredi saint, demain, jour de funérailles nationales. Le pape Benoît XVI a promis de se rendre sur les lieux «dès que possible», écartant toutefois la possibilité d'une visite la semaine prochaine. Le Vatican a précisé qu'il ne voulait pas gêner le travail des secouristes.

L'opération de secours fait néanmoins rager certains sinistrés. À Paganica, à quelques kilomètres de L'Aquila, Patrizia Ringhi trouve que les policiers ont été trop négligents lors de la nuit du tremblement de terre.

Vers minuit, dimanche dernier, une amie commune de Giampaolo Giuiliani, le seul géophysicien qui avait prédit le séisme, a appelé Patrizia Ringhi pour lui dire d'évacuer sa maison. C'était après les premières secousses qui avaient eu lieu vers 23h.

La mère de famille a pris soin d'emporter les médicaments pour sa fille handicapée. «Nous étions dehors avec nos valises et les policiers nous disaient de rentrer chez nous. Vous imaginez? Nous ne les avons pas écoutés, et heureusement!» dit la mère de famille devant sa tente d'un camp de secours.

Près de nous, un homme hurle de douleur dans une tente médicale. «Nous manquons de tout, soupire une infirmière d'urgence qui n'a pas voulu s'identifier. Notre hôpital s'est effondré, alors nous pouvons seulement offrir les soins de base. Et nous commençons à manquer de médicaments, surtout pour les enfants traumatisés qui souffrent de diarrhée.»

Manuela Boni, 33 ans, psychologue volontaire pour les sans-abri, souligne à La Presse que les enfants semblent moins affectés que les adultes par le sinistre. Tout en prenant soin d'ajouter, du même souffle, qu'il est «encore tôt pour voir les vraies séquelles».