Qu'est-ce qui a vraiment causé la mort de Ian Tomlinson, ce vendeur de journaux qui a été terrassé par une crise cardiaque à Londres il y a huit jours, pendant le sommet du G20?

Son diagnostic médical conclut à un infarctus. Mais une vidéo diffusée mardi par le quotidien britannique The Guardian montre que l'homme a été projeté par terre par un policier peu de temps avant de mourir.

  Ces images, accessibles sur YouTube, montrent un homme en habit de jogging en train de marcher devant des policiers armés de leur équipement anti-émeute. L'homme tient les mains dans ses poches et ne menace personne.

  Un policier lui assène néanmoins un coup de matraque dans les jambes. Puis il le pousse, le propulsant vers le sol. Assis par terre, l'homme semble discuter avec les policiers. À un moment, un passant l'aide à se relever. Ce sont les dernières images de Mr Tomlinson vivant.

La vidéo contredit la première version de la police, qui avait d'abord assuré n'avoir eu aucun contact physique avec le Londonien de 47 ans. Au lendemain du G20, des témoins avaient pourtant rapporté l'altercation. Les images captées par un vidéaste amateur leur donnent raison.

  La diffusion de cette vidéo a semé la consternation en Grande-Bretagne, hier. «Ces images sont évidemment préoccupantes» a reconnu hier le nouveau patron de Scotland Yard, Sir Paul Stephenson.

  La vidéo montre «des images d'un policier en tenue anti-émeute qui agresse un passant dans son dos», s'est indignée hier Shami Chakrabarti, porte-parole de Liberty, un groupe de défense des droits humains. Selon elle, c'est révélateur du comportement de la police londonienne à l'égard de manifestants.

  La vidéo a évidemment fait des vagues politiques. «On y voit clairement une attaque policière non justifiée contre un passant. Ça donne mal au coeur. Il faut tenir une enquête criminelle», a dit un porte-parole du parti Libéral Démocrate, David Howarth.

  Résultat : moins de 24 heures après la diffusion de cette scène troublante, la Commission indépendante sur les plaintes contre la police a décidé hier de tenir une enquête sur la mort de Ian Tomlinson. Dans un premier temps, elle devait être limitée à une enquête interne, incluant des membres de la police de Londres.

  Mais la vidéo montrait bien que des policiers de la capitale britannique ont observé la scène de brutalité sans réagir. Devant le tollé qui a suivi la diffusion de ces images, la Commission a finalement décidé hier d'opter pour une enquête indépendante. Elle a aussi ordonné une nouvelle autopsie pour établir clairement les causes du décès. Et l'hypothèse d'une enquête criminelle n'est pas exclue.

  Au coeur de l'enquête, deux questions. Pourquoi un policier a-t-il frappé un simple passant qui rentrait paisiblement chez lui après une journée de travail? Et le geste brutal qui a fait tomber le vendeur de journaux londonien a-t-il pu déclencher sa crise cardiaque?

  «En voyant ces images, j'ai compris que la police a eu un contact avec Ian, a dit hier son fils Paul, 26 ans. Était-ce la cause de sa mort? Nous l'ignorons. Mais je suis sûr que nous allons le savoir.»

  Il y a cinq jours à peine, le responsable politique de la police de la capitale, Mike Brown, s'était félicité du «succès» de l'opération policière pendant la tenue du G20. Des propos impossibles à maintenir aujourd'hui.

  Sources : The Guardian, AFP