Les enfants, «qui ne comprennent pas, qui ne sont pas autonomes», sont «les plus vulnérables» après un tremblement de terre comme celui qui a touché les Abruzzes, a assuré lundi la psychologue Annalisa Cardone, qui intervient à l'hôpital de campagne de L'Aquila.

Les personnes qui ont le plus besoin d'aide sont «les victimes directes et leurs familles. Parmi elles, les enfants sont les plus vulnérables», explique Mme Cardone à l'AFP. Elle travaille depuis la mise en place de l'hôpital lundi à 00h00 locales (22h00 GMT).

«Ils ne comprennent pas, ils ne sont pas autonomes», poursuit-elle. «Ils ne peuvent pas s'exprimer clairement: il font des cauchemars ou des rêves étranges, ils ont des comportement bizarres qui inquiètent leurs parents».

«Aussi, il est très important que les parents essayent de contenir leur traumatisme devant leurs enfants afin que ceux-ci aillent du mieux possible», insiste-t-elle.

Cependant, il faut aussi être très attentif avec les personnes âgées, souligne la psychologue. «Certains ont tout perdu, et ont souvent l'impression de ne plus avoir de perspective. Ils se disent: "ce qui est fini aujourd'hui est fini pour toujours". Il faut leur faire comprendre que la vie peut continuer».

«Ils peuvent aussi perdre le contact avec la réalité», ajoute-t-elle, citant l'exemple, mardi, d'une «dame âgée qui est retournée quatre ans en arrière: elle voulait sauver sa fille décédée en 2005...».

Enfin, précise-t-elle, les adolescents sont à surveiller car ils ont tendance «à amplifier émotionnellement».

Avec son collègue, Claudio Linda, ils ont déjà examiné 50 à 60 personnes. Celui-ci souligne que parmi les adultes, beaucoup sont «pris d'angoisse, ce qui ne fait qu'accentuer leur mal-être général».

«On ne peut naturellement pas tout résoudre, mais on fait le maximum pour réduire cette angoisse», dit-il, précisant que, la plupart du temps dans ce genre de crise, «il n'y a pas de problèmes les premiers jours. Cela vient plus tard: ils font des cauchemars ou ils revivent le tremblement de terre, ou ils ont du mal à revenir sur les lieux».

Tous deux ont accueilli des rescapés sortis des décombres, mais, souligne Annalisa Cardone, «ce ne sont pas nécessairement les plus marqués. C'est encore plus dur pour ceux qui ont sorti eux-mêmes des décombres des proches morts».

A l'hôpital de campagne, ils assistent des personnes venues à l'origine se faire soigner pour des problèmes physiques. «Mais, dit-elle, dans les villages de tentes (où sont réunis les sans-abri, NDLR), il y a moins de vrais problèmes médicaux que de personnes désireuses de parler de leur angoisse ou de leurs attaques de panique».