Une nouvelle secousse sismique a frappé l'Italie centrale hier, alors que le nombre de morts bondissait à 235. Certains réfugiés ont pu réintégrer leur domicile, mais le ministre italien de l'Intérieur a déployé des policiers pour éviter que des «chacals» ne pillent les maisons abandonnées.

Le séisme de lundi matin a endommagé la majeure partie du centre historique de L'Aquila, ville de 73 000 habitants. L'effondrement de l'hôpital municipal émerge cependant comme le principal écueil que doivent affronter les secours.

 

Un correspondant du quotidien milanais Il Corriere della Sera racontait hier comment les chirurgiens ont continué à opérer un adolescent aux organes internes broyés, dans la seule salle opératoire disponible, alors que tous les instruments tremblaient pendant la seconde secousse, d'une magnitude de 5,3 sur l'échelle de Richter, survenue hier en soirée.

Les 350 patients de l'hôpital San Salvatore ont dû être évacués vers d'autres villes ou vers les hôpitaux de campagne. Le fait que San Salvatore avait été inauguré en 2000, et avait donc été construit selon les normes antisismiques, a suscité une polémique: les inspecteurs ont-ils bien fait leur travail, ont-ils reçu des pots-de-vin pour approuver des travaux hors norme?

La Croix-Rouge italienne se fait toutefois optimiste. «Beaucoup de gens sont rentrés chez eux, a expliqué le coordonnateur de la Croix-Rouge à Rome, Marcello Guerra, en entrevue avec La Presse. Le nombre de sans-abri a diminué de 50 000 à 20 000, et le nombre de disparus est descendu à une vingtaine. La secousse de ce soir (hier) a fait s'écrouler beaucoup de maisons qui étaient endommagées, qui avaient déjà été évacuées. Il y a moins de structures à risque. Mais c'est sûr que le deuxième séisme a été dur pour le moral.» Les médias ont par contre tous noté que la deuxième secousse a fait s'écrouler le dôme de la cathédrale de L'Aquila, ajoutant à l'impression de désolation.

Enquête

À Rome, le ministère de la Justice a indiqué qu'une enquête était en cours pour évaluer la pertinence d'accusations de négligence pour les propriétaires des édifices neufs qui se sont écroulés. Le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, a placé 100 policiers et 100 carabiniers dans la ville pour chasser les «chacals» qui voudraient piller les maisons vides. «Beaucoup de gens ont dormi dans leur voiture, a déclaré M. Maroni. Pas parce qu'il n'y avait pas de place dans les centres d'accueil, mais parce qu'ils voulaient surveiller leur maison. C'est normal, je les comprends.» Les médias italiens ont déjà dénoncé un «chacal» virtuel qui se faisait passer pour le neveu d'un journaliste-vedette, Carlo Pellegatti, sur le site Facebook, en sollicitant frauduleusement des dons pour les sinistrés des Abruzzes.

Les petits villages médiévaux qui ont été encore plus durement frappés que L'Aquila n'ont même plus de maisons à surveiller. À Onna, une bourgade située juste à l'extérieur des limites de L'Aquila, 40 cadavres ont déjà été extraits des ruines de la centaine de demeures, qui se sont toutes écroulées. Onna a de plus subi 280 petites secousses depuis le tremblement de terre de lundi matin.