Le bilan du terrible séisme de lundi dans le centre de l'Italie pourrait approcher les 300 morts, dont au moins 16 enfants, alors que la terre continue de trembler et qu'il ne restait pratiquement plus d'espoir jeudi de retrouver des survivants.

Le président de la République Giorgio Napolitano s'est rendu dans la matinée à L'Aquila, épicentre du séisme, alors que se préparent les funérailles nationales des victimes vendredi.

«Je suis là par devoir et par affection», a déclaré M. Napolitano, qui s'est recueilli devant les cercueils, en particulier ceux de couleur blanche contenant les corps des enfants, alors qu'un prêtre et des scouts étaient en prière.

Il est ensuite allé visiter deux lieux symbole de la catastrophe, le foyer des étudiants qui s'est écroulé lundi comme un château de cartes et dont deux corps sans vie ont encore été retirés cette nuit, et le village martyr d'Onna qui a perdu 40 de ses habitants.

Les rescapés du tremblement de terre ont difficilement émergé d'une nuit passée dans le froid, l'inconfort et le stress, rythmée par de fortes répliques.

Selon les carabiniers, le bilan s'est alourdi à 278 morts jeudi matin, quatre jours après le séisme qui a frappé les Abruzzes (centre) dans la nuit de dimanche à lundi, le plus meurtrier dans le pays depuis 30 ans.

Entre vingt et trente personnes sont toujours portées disparues et le nombre des blessés est de 1170, dont 179 dans un état grave. Le nombre de sans-abri est estimé à 28 000.

De nouvelles répliques se sont produites au cours de la nuit et dans la matinée.

La plus forte secousse, ressentie par les journalistes de l'AFP mais aussi perçue à Rome et dans d'autres grandes villes, a été enregistrée à 02H52 (20 h 52 HAE) et a atteint une magnitude de 5,2 sur l'échelle de Richter.

Au total 17 772 personnes ont passé une nouvelle nuit dehors dans les 2962 tentes fournies par les autorités ou dans les centaines de voitures qui remplissent les parkings de la ville.

Les conditions de vie sont difficiles en raison du manque d'eau chaude dû à la coupure du gaz, de douches, de toilettes chimiques et d'électricité, ce qui complique notamment le rechargement des mobiles.

Dans un camp de fortune installé sur une piste d'athlétisme, un volontaire déguisé en clown, distribue des oeufs de Pâques aux enfants.

«Les enfants ont subi un choc brutal, mais ils peuvent jouer et oublier (...) En réalité, ce sont les personnes âgées qui ont vraiment besoin d'aide, elles sont le plus traumatisées», confie Nicola Tudisco.

Plus loin, des moines franciscains installent une chapelle pour célébrer la messe du jeudi saint, en mémoire du dernier repas du Christ, selon la tradition catholique.

L'espoir de retrouver des survivants est extrêmement ténu, les nouvelles secousses compliquant la tâche des sauveteurs en rendant encore plus instables les décombres des habitations. Les recherches doivent se poursuivre jusqu'à dimanche.

Les deux premières victimes du séisme ont été enterrées mercredi. Les funérailles nationales, jour du vendredi saint qui commémore la passion du Christ, auront lieu en présence du numéro deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, et de nombreux officiels. Les drapeaux de tout le pays seront en berne.

Le pape Benoît XVI a annoncé qu'il «espérait» se rendre «dès que possible» sur place où 8.500 secouristes sont à pied d'oeuvre.

Alors que 10 000 bâtiments et maisons ont été détruits, le chef du gouvernement Silvio Berlusconi a suggéré que la reconstruction soit divisée en 100 projets dont chacun serait pris en charge par l'une des 102 provinces italiennes.

Selon une première estimation gouvernementale, au moins 1,3 milliard d'euros seront nécessaires pour la reconstruction.