Plus de vingt-quatre heures après le violent séisme qui a ravagé les Abruzzes, les rescapés d'Onna, village situé à l'épicentre, ont été autorisés pour la première fois mardi à aller fouiller les décombres de leurs maisons, pour souvent ne rien trouver à sauver.

Depuis la fin de la matinée, après avoir donné leur nom et leur adresse, les habitants du hameau situé à une dizaine de kilomètres de L'Aquila - où quarante des quelque 300 résidents sont morts écrasés - sont accompagnés par de petits groupes de cinq ou six pompiers qui assurent leur sécurité.

Hommes et femmes, de tout âge, fouillent désespérément d'immenses coulées de gravats où s'amoncellent tôle ondulée, béton et poutres, pour tenter de sauver quelques objets personnels.

Un homme récupère quelques vêtements poussiéreux encore pendus sur leurs cintres, un aquarium miraculeusement intact où nagent de petits poissons a été posé sur un muret, des carabiniers passent en portant de grandes photos encadrées.

Plus loin, une femme déplace avec difficulté de gros blocs qui obstruent l'entrée à moitié détruite de sa maison.

«C'était notre maison et aussi l'endroit où on travaillait. Voici les machines qui nous servaient à faire notre fromage: on a investi 150 000 euros et on espère qu'elles marchent encore», pointe du doigt Sara, la trentaine, en direction de plusieurs grosses machines de métal posées sur un coin d'herbe.

«Et tout le reste à l'intérieur, c'est simplement un cauchemar. On va devoir partir car ce n'est plus habitable, alors on essaie de sauver le maximum», explique-t-elle.

Parfois un pan de maison est resté debout, offrant au regard des morceaux de tapisserie arrachée ou une carcasse de gazinière.

«Il n'y a quasiment rien à sauver, malheureusement pour tous ces gens. Cent pour cent des maisons ont été déclarées insalubres et inhabitables. Quelques rares maisons neuves, en ciment et non en pierres, un peu en dehors du village, ont mieux résisté. Mais là, il n'y a plus rien debout», résume le commandant des pompiers, Andrea Di Lena.

«Là, on a récupéré cinq morts. Et là, on a sorti un couple et leurs enfants de 18 mois et quatre ans», indique-t-il en montrant du doigt un amas de gravats d'où pointent des jouets en plastique coloré.

Un chat abandonné miaule sur un balcon qui pourrait s'effondrer d'une minute à l'autre: depuis le séisme lundi à l'aube, des centaines de répliques plus ou moins fortes continuent de se faire ressentir.

Des dizaines d'habitants font des allers et venues entre le village détruit et leur voiture, traversant avec des brouettes, des cartons et des sacs un grand champ où a été oublié un cercueil vide, sinistre rappel des trois dernières victimes sorties des décombres dans la nuit.