Un terrible séisme a dévasté hier matin l'Italie centrale. Plus de 60 000 personnes ont perdu leur maison, et le bilan final pourrait atteindre 200 morts. La région la plus touchée, autour de la ville de L'Aquila, n'avait pas encore bénéficié des investissements touristiques qui ont permis de retaper les villages d'Ombrie et de Toscane. Ses vieux immeubles se sont écroulés comme un château de cartes. À Montréal, les Italo-Québécois n'ont pas tardé à lancer une collecte de fonds.

Quand il est arrivé à Onna, un petit village aux limites de la ville de L'Aquila, Matteo Guidelli a eu le souffle coupé. Là où se trouvaient une centaine de maisons, il n'y avait plus qu'un champ de décombres. Une quarantaine de cercueils avaient déjà été installés le long de la route provinciale qui serpente vers le sud. Et tout laissait supposer que leur nombre doublerait dans les prochains jours.

 

«Les gens qui vivent dans la région y sont souvent établis depuis des générations», dit M. Guidelli, journaliste à l'agence ANSA à Rome, en entrevue téléphonique. «Il n'y a pas beaucoup d'argent pour rénover les vieilles maisons. Alors, des villages entiers qui n'avaient presque pas changé depuis le XVIIe ou le XVIIIe siècle sont tombés en poussière. Le problème, c'est qu'il y avait beaucoup de gens qui y habitaient encore.»

Le centre historique de L'Aquila, une ville de 73 000 habitants située à 100 km à l'est de Rome, a été aussi gravement touché. La «maison des étudiants», où logent ceux qui étudient à l'Université de Pescara, s'est effondrée comme un château de cartes. «C'était déchirant de voir les corps de jeunes hommes et de jeunes femmes sortir l'un après l'autre de la maison, dit M. Guidelli. «Une bonne cinquantaine en sont réchappés, mais jusqu'à maintenant on a trouvé une dizaine de corps. Il y en aurait encore une demi-douzaine. Je sais qu'on a identifié une jeune femme de 22 ans qui est encore vivante, mais est piégée sous les quatre étages de l'édifice, qui se sont effondrés les uns sur les autres.»

La Croix-Rouge italienne estimait hier que 150 personnes sont mortes et 1500 blessées, et que le nombre de sans-abri dépasse 60 000. Le coordonnateur de la Croix-Rouge Marcello Guerra a estimé hier que quelques dizaines d'autres personnes s'ajouteront à la liste des morts. Il ne pouvait pas évaluer hier soir le nombre de personnes portées disparues. Le Corriere della Sera estimait que le nombre de disparus s'élevait à 200.

Secousses ressenties à Rome

Le séisme, d'une magnitude de 6,3 sur l'échelle de Richter, a frappé à 3h30 du matin. Les secousses ont été entendues jusqu'à Rome. «Je me suis réveillé en plein milieu de la nuit, les meubles cognaient contre les murs, raconte Veniero Petrini, un jeune ingénieur romain. Nous nous sommes habillés pour sortir si nécessaire, puis nous nous sommes recouchés quand nous avons vu que personne ne sortait dans la rue. Après, je n'ai pas réussi à retrouver le sommeil. Mais les enfants, eux, ont continué à dormir.»

En se rendant ce matin dans sa ville natale de Rieti, située à 100 km au nord de L'Aquila, M. Petrini a vu plusieurs ambulances se rendre à l'hôpital de Rieti en provenance de L'Aquila. Des amis lui ont dit qu'à Rieti, la secousse a été assez forte pour que les gens sortent dans la rue en pleine nuit.

Les secours sont compliqués par le fait que l'hôpital de L'Aquila a été complètement détruit. «La seule salle opératoire qui était encore fonctionnelle était celle de gynécologie», raconte Roberto Marci, un gynécologue romain qui pratique aussi à L'Aquila. «Évidemment, elle a été convertie pour les chirurgies urgentes. Je vais me rendre sur place mardi matin pour voir les dégâts à mon bureau et à ma maison, et voir si je peux aider, mais mes collègues me disent que les hôpitaux de campagne sont débordés. L'hôpital a dû être évacué, tout peut s'effondrer, et il y a des seringues partout.»

La catastrophe est d'autant plus tragique que L'Aquila n'a pas une économie solide. «Il y a peu d'entreprises et de débouchés, dit M. Guidelli de l'ANSA. Les jeunes vont souvent travailler à Rome. Et les petites secousses sismiques sont très courantes, ça va augmenter l'anxiété de la population. L'un des jeunes étudiants qui a trouvé la mort dans la résidence avait demandé à un ami de venir dormir dans sa chambre parce qu'il avait peur des secousses. Son ami a survécu, mais je me demande s'il acceptera de continuer à vivre dans une ville aussi active au point de vue sismique.»

 

TREMBLEMENT DE TERRE

150 MORTS

250 DISPARUS

1500 BLESSÉS

60 000 SANS-ABRI

6,3 à l'échelle Richter

L'Aquila est une ville de 73 000 habitants

Plus de 200 secousses annonciatrices depuis octobre

Sources : Croix-Rouge, La Repubblica, Il corriere della Sera