Le ministère des Affaires étrangères chinois a annoncé mercredi qu'un accord avait été trouvé pour rétablir des contacts au plus haut niveau avec la France, après plusieurs mois de fortes tensions au sujet du Tibet.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a souligné dans un communiqué publié sur son site Web qu'un accord avait été conclu en vertu duquel Paris s'est engagé à ne pas soutenir l'indépendance du Tibet, sous «aucune forme».

Les présidents français Nicolas Sarkozy et chinois Hu Jintao devaient avoir un entretien mercredi soir à Londres, après le dîner organisé au 10 Downing Street pour les dirigeants participant au sommet du G-20, selon les services du président français.

A Paris, le Quai d'Orsay a confirmé la volonté de rapprochement avec Pékin. «La France mesure pleinement l'importance et la sensibilité de la question du Tibet et réaffirme qu'elle s'en tient à la politique d'une seule Chine et à sa position selon laquelle le Tibet fait partie intégrante du territoire chinois, conformément à la décision prise par le général de Gaulle qui n'a pas changé et ne changera pas», a assuré le ministère français des Affaires étrangères. «Dans cet esprit et dans le respect du principe de non-ingérence, la France récuse tout soutien à l'indépendance du Tibet sous quelque forme que ce soit.»

De son côté, le porte-parole du gouvernement français Luc Chatel a annoncé que le président Nicolas Sarkozy et son homologue chinois Hu Jintao auraient «un entretien bilatéral» en marge du sommet du G-20 à Londres, «sans doute» jeudi. Le dernier entretien entre les deux chefs d'État remonte à août 2008. Il s'était déroulé en marge de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin, alors que la situation du Tibet empoisonnait déjà les relations franco-chinoises.

La Chine avait suspendu la plupart de ses contacts avec Paris et annulé un sommet important avec l'Union européenne en représailles à la rencontre entre Nicolas Sarkozy et le dalaï lama en décembre dernier. Les liens commerciaux entre la France et la Chine ont également souffert du récent coup de froid entre Paris et Pékin. Des missions chinoises d'achat et d'investissement envoyées en Europe ont ainsi fait l'impasse sur la France.

On ne savait pas dans l'immédiat si le nouvel accord représentait un engagement de la France à ne plus autoriser de rencontres entre des responsables de haut niveau et le dalaï lama. Selon le communiqué du Quai d'Orsay, la France et la Chine «ont décidé de tenir, au moment opportun, des contacts de haut niveau ainsi que de nouvelles sessions du dialogue stratégique entre les deux pays, en vue de promouvoir la coopération bilatérale (...) et d'assurer un développement harmonieux et stable de la relation franco-chinoise».

Pékin accuse le chef spirituel des bouddhistes tibétains de vouloir l'indépendance du Tibet, même si ce dernier s'en défend. La Chine fait également pression sur d'autres pays pour qu'ils restreignent les activités de groupes pro-Tibet sur leur sol, en particulier les manifestations organisées régulièrement à l'occasion de visites de hauts responsables chinois.

La France, comme d'autres pays qui ont reçu la visite du dalaï lama, considère que le Tibet fait partie de la Chine, mais appelle Pékin à un dialogue substantiel avec le chef spirituel tibétain, surtout après les émeutes meurtrières de mars 2008 au Tibet (au moins 22 morts le 14 mars) et dans les provinces voisines de l'ouest du pays, également peuplées de Tibétains. Plusieurs séries de contacts ont eu lieu entre le régime chinois et les représentants du dalaï lama, mais apparemment sans résultat.

Pékin a durci sa position sur le Tibet ces dernières années. Les relations avec l'Allemagne, qui s'étaient tendues après que la chancelière Angela Merkel eut rencontré le dalaï lama en septembre 2007, ne se sont améliorées qu'après un engagement similaire à celui pris par la France mercredi.

Les entreprises étrangères soupçonnées de soutenir la cause tibétaine ont fait l'objet de campagnes de dénigrement et d'appels au boycott en Chine. Et une prestation du groupe britannique Oasis prévue en Chine a même été supprimée par Pékin le mois dernier à cause de la participation de Noel Gallagher, guitariste et compositeur du groupe, à un concert pour la liberté du Tibet en... 1997.