Le président tchèque Vaclav Klaus a plaidé jeudi à Prague pour une «solution rapide» à l'actuelle crise politique, après avoir formellement accepté la démission du cabinet piloté par le libéral Mirek Topolanek, en pleine présidence de l'Union européenne.

«La solution doit être rapide, c'est la situation économique compliquée tout comme la présidence de l'Union européenne qui l'exigent», a souligné le chef de l'Etat, au cours d'un bref point de presse avec le chef de la droite libérale.Le chef de l'Etat a ensuite demandé à la coalition de centre-droit démissionnaire d'expédier les affaires courantes jusqu'à la nomination d'un nouveau gouvernement.

M. Klaus s'est prononcé contre une situation transitoire trop longue en souhaitant une solution avant la fin de la présidence tchèque de l'UE, le 30 juin.

Il a aussi préconisé une «entente politique» au sein de la chambre basse, pour former un cabinet qui serait soutenu par une majorité réelle de 101 des 200 voix.

La coalition de centre-droit très fragile depuis sa formation en janvier 2007 a vu sa majorité s'éroder au fil des disputes et des scissions. Mardi, seuls 96 députés ont voté contre la motion de censure qui a conduit à sa chute, quatre élus issus de la majorité parlementaire ayant voté pour.

La démission formelle s'est déroulée dans une atmosphère de tension visible entre les deux hommes, après plusieurs déclarations musclées faites la veille par le Premier ministre.

«Nul ne doute du rôle de Vaclav Klaus», dans la chute du gouvernement, a en effet lancé M. Topolanek mercredi soir à la télévision. Un peu plus tôt, il avait aussi affirmé que le vote de défiance avait été fêté au Château, le siège de la présidence «jusqu'à une heure et demie du matin».

L'eurosceptique chef de l'Etat n'a jamais apprécié son Premier ministre, trop pro-européen et trop mou dans la gestion des affaires économiques selon lui. Il lui revient désormais de nommer un nouveau chef de gouvernement de son choix dans les délais qui lui conviennent.

Vendredi, M. Klaus, 67 ans, doit mener des consultations avec les dirigeants sociaux-démocrates (CSSD) et démocrates-chrétiens (KDU-CSL).

Malgré cette animosité ouverte, M. Topolanek, 52 ans, espère être à nouveau chargé de la difficile tâche de former un nouveau cabinet. Et s'il ne parvient pas à trouver de majorité parlementaire, il souhaite des élections anticipées dans les plus brefs délais.

«En attendant, nous allons faire tout pour maintenir la stabilité, chez nous comme à l'étranger», a-t-il assuré.

Le chef du CSSD, Jiri Paroubek, a pour sa part évoqué un délai plus lointain pour le scrutin anticipé, parlant même du printemps 2010 alors que l'échéance normale est juin 2010.

En chute libre ces derniers mois, la popularité de M. Topolanek et de son parti libéral ODS s'est améliorée depuis le début de la présidence de l'UE, et des élections rapides joueraient en sa faveur, selon les experts locaux.

D'après la presse de jeudi, M. Klaus serait favorable soit à un gouvernement intérimaire d'experts, soit à une entente entre l'ODS et le CSSD, à l'instar du «pacte de stabilité» conclu en 1998 par ces deux formations adverses.

Ce pacte a permis la mise en place d'un gouvernement minoritaire dirigé par Milos Zeman, leader à l'époque du CSSD, en échange de la présidence des deux chambres du Parlement pour l'ODS, dont notamment celle de la Chambre des députés pour son chef d'alors... Vaclav Klaus.

Et la mise en place d'un gouvernement d'experts en plein milieu de la présidence de l'UE pourrait ouvrir à l'eurosceptique président une «voie à un engagement actif à la tête de la politique étrangère tchèque», estime le politologue Jiri Pehe.