Une tueuse en série reliée à 32 crimes et délits en Allemagne, en France et en Autriche sur les 15 dernières années ne doit probablement sa fantastique «carrière» qu'à des batônnets de prélèvement ADN souillés, même si la police se montre très prudente pour le moment.

L'information a été lancée par le site Internet de l'hebdomadaire Spiegel, qui titrait ironiquement «L'énigme du +Fantôme+ (le surnom donné à cette mystérieuse tueuse par les médias, ndlr) résolue ?». «Il devient de plus en plus probable que les cotons-tiges, avec lesquels la police récoltait des traces, avaient été préalablement contaminé par un ADN» totalement étranger à l'affaire, écrit-il. Le Stern.de affirmait même dans l'après-midi que l'ADN en question a été identifié comme étant celui d'une salariée d'une entreprise de matériel médical.

Dans un communiqué officiel commun publié en soirée, le parquet d'Heilbronn, les polices judiciaires criminelles de la Saare et du Bade-Wurtemberg déclarent que des examens très vastes sont en cours et que «toute affirmation catégorique» au sujet d'une contamination du matériel de collecte des indices ne serait, en l'absence des résultats, que «spéculation».

Les services judiciaires et de police reconnaissent toutefois que la piste d'une contamination accidentelle des batônnets est envisagée par les enquêteurs depuis avril 2008.

Des incohérences, et notamment le fait que l'ADN de «la personne de sexe féminin inconnue» (UWP, nom par lequel les enquêteurs désignait la personne à qui appartient l'ADN, ndlr) avait été retrouvée «sur des scènes de crimes où sa responsabilité n'était plus plausible», avaient mis la puce à l'oreille des forces de police.

Le «Fantôme» était, entre autres, soupçonné du meurtre d'une policière de 22 ans, abattue d'une balle en pleine tête, le 25 avril 2007 à Heilbronn (sud-ouest), crime sans mobile apparent, mais aussi du meurtre d'une retraitée de 62 ans en 1993, d'un homme de 61 ans en 2001, crimes commis dans le sud-ouest de l'Allemagne, et restés à ce jour irrésolus.