Les mesures de sécurité ont été renforcées en Macédoine où les électeurs sont appelés dimanche à voter pour le premier tour de l'élection présidentielle et pour les élections municipales, un scrutin considéré comme crucial pour les perspectives européennes de Skopje.

Des fiches ont été distribuées par les services du ministère de l'Intérieur à 8 500 policiers contenant des instructions très précises sur la façon de se comporter au cours de la journée électorale et de parer à toute violence dans les bureaux de vote. Des patrouilles de police doivent être renforcées pour éviter une répétition des troubles qui avaient marqué les élections législatives dans les zones albanaises du pays, en juin 2008. Ces troubles inter-albanais avaient provoqué la mort d'une personne et fait plusieurs blessés dans des échanges de coups de feu.

Des organisations non-gouvernementales ont également invité la population à participer à des élections libres et équitables, et sans violence.

«Nous ferons tout notre possible pour permettre aux citoyens, conformément à la loi (...) de voter paisiblement et sans pression», a souligné la ministre de l'Intérieur, Gordana Jankulovska.

La police ne tolèrera aucun écart le jour de l'élection et «toute personne menaçant le processus électoral» aura affaire à elle, a ajouté la ministre.

«Aucun incident ne sera toléré et aucun acte d'intimidation ne sera permis pendant le vote», a lancé en écho le premier ministre macédonien, Nikola Gruevski, au cours d'un dernier rassemblement de son parti, l'Organisation révolutionnaire-Parti démocratique pour l'unité nationale (VMRO-DPMNE), vendredi à Strumica (sud-est).

Environ 1,8 million d'électeurs macédoniens sont appelés à choisir leur président, pour un mandat de cinq ans, parmi sept candidats, ainsi que les maires des principales agglomérations du pays.

Plus de 500 observateurs étrangers et quelque 7 000 observateurs locaux superviseront le processus électoral.

Quatre ans après avoir obtenu le statut de candidat à l'Union européenne, la Macédoine espère ardemment ouvrir les négociations d'adhésion, mais l'UE presse le pays d'améliorer l'État de droit et de redoubler d'efforts contre la corruption.

Dans une adresse aux électeurs, le représentant spécial de l'UE en Macédoine, Erwan Fouere, a souligné que le vote de dimanche constituait «la dernière chance (pour le pays) de ne pas rater à nouveau le train pour l'Union».

«Il s'agit probablement de la dernière occasion pour le pays et pour pas mal de temps de démontrer qu'il a non seulement la capacité, mais aussi la volonté politique d'organiser des élections conformes aux critères internationaux», a ajouté M. Fouere.

Gjorgji Ivanov (VRMO-DPMNE) est le mieux placé dans les sondages d'opinion.

Ljubomir Frckoski, le candidat du principal parti d'opposition, l'Union sociale-démocrate (SDSM), et Imer Selmani, dirigeant d'une formation albanophone, Nouvelle démocratie (DR), devraient se disputer la deuxième place, tous les deux étant toutefois loin derrière M. Ivanov, selon les derniers sondages.

Les Albanais macédoniens représentent 25% de la population du pays.

La Macédoine avait évité de peu en 2001 la guerre civile entre Macédoniens et Albanais, qui exprimaient un mécontentement croissant au sujet de leur représentativité dans le pays. Les accords de paix d'Ohrid, en août 2001, ont permis de ramener le calme sous l'égide notamment de l'UE, en accordant davantage de droits à la communauté albanaise, en particulier au niveau local.

Les bureaux de vote ouvriront à 07H00 locales (00H00 HNE) et fermeront à 19H00 (14H00 HNE). Les premiers résultats sont attendus dans la nuit de dimanche à lundi.