Les Azerbaïdjanais se sont prononcés mercredi par référendum sur une série de mesures dont l'une vise à perpétuer l'emprise de la famille Aliev sur ce pays riche en pétrole, tandis que d'autres inquiètent les défenseurs de la liberté de la presse.

Les bureaux de vote ont fermé à 19H00 locales (15H00 GMT) après onze heures de vote. Le taux de participation a atteint 64,1% à 17H00, a annoncé la commission électorale centrale. Les résultats sont attendus peu après la fermeture des bureaux de vote.

Des mouvements d'opposition de cette ex-république soviétique ont appelé à boycotter le scrutin, estimant qu'il a pour seul objectif de permettre à Ilham Aliev, 47 ans, d'être président à vie.

Ali Keremli, leader du parti anti-gouvernemental Front national a d'ores et déjà dénoncé «plusieurs violations» constatées par les observateurs de l'opposition.

Mais l'approbation des amendements constitutionnels, dont l'un vise à supprimer la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels, ne fait guère de doute, selon les analystes.

Dans les bureaux de vote de Bakou, la capitale, des électeurs ont affirmé être favorables aux mesures proposées par M. Aliev et lui être reconnaissants pour la période de forte croissance que connaît depuis plusieurs années ce pays musulman de huit millions d'habitants.

«J'ai voté pour qu'Ilham Aliev reste notre président parce qu'il nous a apporté la stabilité. Je touche ma retraite et il a embelli la ville», a dit Khatima Jabrailova, 72 ans.

Vugar Chabalov, un étudiant de 21 ans a lui voté contre. «On n'a pas besoin de changer la Constitution. Et on ne devrait pas dépenser d'argent pour ce référendum à un moment où le monde traverse une crise économique».

M. Aliev, qui a succédé à son père en 2003, a été réélu en octobre à une forte majorité pour un deuxième mandat de cinq ans qui devait être le dernier. Avant lui, Heydar Aliev, ancien membre du KGB et leader communiste, avait présidé aux destinées du pays presque sans interruption de 1969 à 2003.

Les amendements soumis à référendum permettraient aussi de retarder les scrutins présidentiels ou législatifs en cas de guerre. Malgré un accord de cessez-le-feu, l'Azerbaïdjan est toujours en conflit avec l'Arménie voisine au sujet du Nagorny Karabakh, région que M. Aliev a promis de ramener sous contrôle azerbaïdjanais.

Certaines modifications proposées comme des restrictions au droit de photographier, filmer ou enregistrer des gens sans leur assentiment sont jugées inquiétantes par les organisations de défense des journalistes dont la situation est déjà difficile en Azerbaïdjan.

Des dizaines de journalistes ont été emprisonnés ces dernières années en Azerbaïdjan en vertu d'une législation controversée qui pénalise lourdement la diffamation.

Fin 2008, les autorités ont interdit la diffusion des émissions locales de la BBC, de Voice of America et de Radio Liberty, considérées comme de rares sources d'information indépendantes dans le pays.

Début mars, le Parlement a aussi approuvé des amendements donnant pouvoir aux tribunaux de faire cesser l'activité d'un média dont le directeur est un citoyen étranger ou n'a pas une formation assez élevée.

Ces initiatives n'ont guère suscité de remous en Occident. L'opposition azerbaïdjanaise accuse depuis longtemps les gouvernements occidentaux de ménager M. Aliev pour s'assurer un accès aux immenses réserves d'hydrocarbures du pays et avoir une influence sur le réseau stratégique de gazoducs et oléoducs de la région.