Me Rudolf Mayer, vedette du barreau en Autriche, s'attèle à prouver au monde entier, mais surtout aux jurés de la Cour d'assises de Sankt-Pölten, que son tristement célèbre client, Josef Fritzl, n'est pas le «monstre d'Amstetten» décrié dans la presse populaire.

«Un monstre n'aurait pas accepté de faire hospitaliser sa fille aînée», née de l'inceste, sachant qu'ainsi sa double vie secrète risquait d'éclater au grand jour, a-t-il expliqué à l'ouverture du procès Fritzl.

Cette hospitalisation, le 19 avril 2008, est à l'origine de la révélation du drame, grâce à la vigilance des médecins de l'hôpital d'Amstetten, la bourgade où résidait la famille Fritzl, à 130 km à l'ouest de Vienne.

«Un monstre aurait tué toutes les victimes. Et après c'était fini. Il aurait vécu une retraite paisible», a ajouté l'avocat sexagénaire qui a déjà pris la défense d'autres cas spectaculaires comme ceux d'un tueur à gages ou de militants néo-nazis.

Les coupures de presse dans son cabinet dans le centre de Vienne en attestent. Pourtant, ce père de trois filles, aux cheveux chatains foncés, qui chaussent de petites lunettes métalliques pour compulser ses notes lors de l'audience, n'a rien d'une star et se montre plutôt avare en matière d'interviews.

Au site internet de l'hebdomadaire allemand Spiegel Online, il a récemment affirmé que, comme la presse a qualifié son client de «monstre horrible et de tyran sexuel», son «rôle est de le montrer comme un être humain, de faire sentir que c'est une personne humaine».

La tâche est ardue pour ce drame sans précédent en Autriche, mais pas impossible pour Rudolf Mayer, qui se considère à la fois comme un «thérapeute et un avocat».

Après son premier entretien fin avril 2008 avec Josef Fritzl, il se souvient en avoir tiré l'impression «d'un père de famille, un patriarche avec ses bons et ses mauvais côtés».

Lundi, Fritzl a caché son visage derrière un grand classeur bleu pour sa première apparition devant les journalistes depuis la révélation des faits le 26 avril 2008. «Il était tout simplement gêné», a expliqué Rudolf Mayer mardi lorsque son client s'est à nouveau dissimulé derrière le classeur en entrant dans la salle du tribunal. Mais, il est «très coopératif», a-t-il ajouté en soulignant qu'il avait répondu à toutes les questions des magistrats.

Son client a plaidé non coupable de meurtre et esclavage, mais a reconnu les faits de viols de sa fille Elisabeth, inceste et séquestration pendant 24 ans dans une cave-cachot de la demeure familiale à Amstetten.