Un jeune Allemand qui a semé la mort dans une petite ville de Souabe avait annoncé la tuerie sur internet, ont révélé jeudi les autorités locales tandis que toute l'Allemagne était en deuil.



«J'en ai marre, j'en ai assez de cette vie qui n'a pas de sens, c'est toujours la même chose. Tout le monde se fiche de moi et personne ne reconnaît mon potentiel».

Le message adressé par Tim Kretschmer, 17 ans, à un adolescent bavarois prénommé Bernd sur un forum de discussion dans la nuit de mardi à mercredi était clair. Heribert Rech, ministre de l'Intérieur du Land de Bade-Wurtemberg où s'est déroulé le massacre, l'a lu jeudi dans une conférence de presse.

«J'ai des armes ici, demain matin j'irai à mon ancienne école et ça va vraiment barder. Restez à l'écoute, vous entendrez parler de moi demain. Retenez bien le lieu : Winnenden».

Mercredi matin, Tim, qui portait une tenue de combat noire, faisait irruption dans son ancien collège à Winnenden (20 km au nord de Stuttgart) et abattait froidement huit étudiantes, un collégien et trois enseignantes.

Dans sa fuite, il a encore tué trois autres personnes avant de se suicider pendant un échange de coups de feu avec la police.

Après avoir pris connaissance du massacre par les médias, le jeune Bernd a parlé du «chat» qu'il avait eu la nuit précédente à son père, lequel a prévenu la police.

Tim Kretschmer était armé d'un pistolet Beretta appartenant à son père. Il avait apparemment découvert le code à huit chiffres de l'armoire blindée où celui-ci entreposait un arsenal de quinze armes, achetées légalement.

Il a tiré en tout à plus de 100 reprises, et «il lui restait plus de 130 balles sur lui lorsqu'il s'est donné la mort», a précisé Erwin Heger, le chef de la police locale.

L'an dernier, l'adolescent, considéré par son entourage comme un garçon «réservé et sympathique», avait été suivi à plusieurs reprises dans une clinique psychiatrique pour dépression, a révélé le procureur de Stuttgart, Siegfried Mahler.

«Il devait ensuite poursuivre des consultations (BIEN consultations), mais apparemment il ne l'a pas fait», a-t-il ajouté.

Le garçon, qui passait «beaucoup de temps sur son ordinateur», était un adepte de jeux vidéo violents. Les murs de sa chambre étaient décorés avec des armes à feu, selon le magistrat.

Pourtant, «il a grandi dans une famille heureuse», il avait une soeur cadette «avec laquelle il s'entendait bien», a assuré le ministre Rech. «Il n'avait pas beaucoup d'amis, mais il cultivait quelques amitiés, et il y avait une fille en particulier qui l'intéressait».

Les drapeaux étaient en berne dans l'Allemagne sous le choc après ce massacre, le pire depuis 2002, quand un étudiant en échec scolaire avait tué 16 personnes avant de retourner son arme contre lui à Erfurt, dans l'est du pays.

A la une du journal de Winnenden, comme sur des messages laissés entre les bougies allumées devant l'école en hommage aux victimes, revenait un seul mot : «Warum ?» (pourquoi?).

Plusieurs fausses alertes ont été déclenchées jeudi dans des écoles à travers le pays.