Un policier a été tué par balle lundi soir, alors qu'il était en patrouille à Craigavon, au nord-ouest de Belfast, en Ulster, deux jours après le meurtre de deux soldats britanniques, ont annoncé des responsables politiques locaux à l'AFP.

Le policier a été atteint d'au moins une balle en pleine tête, alors qu'il avait été appelé dans une zone républicaine à Craigavon, dans le comté d'Armagh, vers 21h00, a confirmé la police, sans préciser si d'autres membres des forces de l'ordre ont été blessés.

Auparavant, le Premier ministre britannique Gordon Brown avait assuré lundi que le meurtre des deux soldats samedi, ne compromettrait pas un processus de paix désormais «inébranlable» en Irlande du Nord, où il s'est rendu pour évaluer la situation.

Un groupuscule républicain opposé au processus de paix, l'IRA-véritable, a revendiqué l'attaque contre une caserne de l'armée britannique à Massereene, dans le comté d'Antrim (nord-ouest de Belfast), provoquant la mort des deux soldats.

«Ce que j'ai vu ce matin, c'est l'unité du peuple nord-irlandais», a déclaré M. Brown à l'issue d'un entretien à Stormont avec le Premier ministre nord-irlandais Peter Robinson, chef du Parti unioniste démocrate (DUP/protestant), et le vice-Premier ministre Martin McGuinness, membre du parti catholique Sinn Fein.

«Ils veulent, comme moi, lancer au monde le message que le processus politique ne sera pas, ne pourra jamais être ébranlé. En fait, le processus politique est maintenant inébranlable», a affirmé M. Brown.

«L'IRA-véritable n'a pas sa place dans la politique nord-irlandaise», a-t-il repris, dénonçant des «meurtriers impitoyables».

A Londres, le ministre pour l'Irlande du Nord, Shaun Woodward, a déclaré devant la chambre des Communes que les auteurs de l'attentat avaient tenté de commettre une «tuerie», soulignant que plus de 60 coups de feu avaient été tirés.

Cet «acte d'une barbarie extrême» ne «réussira pas» à faire dérailler le processus de paix, a-t-il lui aussi assuré.

Aucun soldat britannique n'avait été tué en Irlande du Nord depuis 1997. L'attentat, condamné par toute la classe politique nord-irlandaise, a ravivé la crainte d'un retour aux violences qui ont agité la province pendant les 30 années de conflit ayant précédé la signature des accords du Vendredi saint, le 10 avril 1998.

Gerry Adams, le leader du Sinn Fein, qui partage le pouvoir avec le DUP au sein du gouvernement régional, a assuré lundi que les républicains dissidents ne disposaient d'aucun soutien au sein de la population.

Mais il a aussi jugé que le chef de la police nord-irlandaise (PSNI) Hugh Orde avait commis une «énorme erreur» en demandant à une unité d'élite de l'armée britannique de surveiller une de ces factions.

Les deux soldats, âgés de 21 et 23 ans, devaient être envoyés le lendemain en Afghanistan. Les assaillants ont ouvert le feu sur eux quand ils sont venus, sans arme, à l'entrée de la caserne récupérer des pizzas apportées par des livreurs. Les deux livreurs et deux autres militaires ont été blessés, dont un civil grièvement.

L'IRA-véritable est née en octobre 1997 d'une scission avec l'IRA, la principale milice catholique d'Irlande du Nord, qui a renoncé à la violence et démantelé son arsenal en 2005.

Opposé aux accords du Vendredi saint, le groupuscule s'est fait connaître en commettant le 15 août 1998 l'attentat d'Omagh, le plus sanglant en trente ans de conflit avec 29 morts.

Une recrudescence des violences imputées aux républicains dissidents a été observée ces derniers mois dans la province. La semaine passée, Hugh Orde avait averti que la menace d'attaques contre des policiers et des militaires n'avait jamais été aussi élevée depuis une décennie.

Plus d'une dizaine de tentatives de meurtres contre des policiers ont été enregistrées ces 18 derniers mois.