Un enfant de sept ans est resté plusieurs années enfermé dans une chambre-prison, séquestré et maltraité par ses parents, qui ont été arrêtés et écroués jeudi à Millau, dans le sud de la France.

Le garçon, battu quotidiennement par son père, était enfermé depuis plusieurs années dans une petite chambre éclairée et verrouillée de l'extérieur, aux volets toujours fermés, dans un pavillon bien entretenu d'un quartier résidentiel du centre de Millau, une ville de 20.000 habitants.

L'enfant n'avait pour meuble qu'un matelas imbibé d'urine avec un sommier. Il «vivait dans des conditions pires que dans une cellule de prison, et ce depuis plusieurs années», a déclaré à l'AFP le procureur de Millau, Patrick Desjardins.

«Le dénuement total de ce petit garçon a atteint un point extrêmement rare et grave», a-t-il estimé.

Le couple, un maçon de 42 ans et une femme au foyer de 35 ans, a reconnu les faits, expliquant aux enquêteurs avoir enfermé leur fils car il était «difficile». Le père a admis avoir frappé le petit garçon tandis que la mère se contentait d'assister aux coups.

Le père et sa compagne ont été inculpés et écroués pour «privations de soins par ascendant», «abandon moral ou matériel d'un mineur» et «non respect d'obligation scolaire». Le père est également poursuivi pour «violences habituelles sur mineur de moins de 15 ans» et la mère pour non empêchement de ce délit.

Déclaré à la naissance, le petit garçon n'a jamais été scolarisé.

Les services sociaux ont commencé à s'intéresser à ce couple sans histoires, lors de la naissance de leur deuxième petit garçon en octobre 2007. Un signalement avait été effectué auprès de la justice en août 2008.

Des investigations et le refus des parents de se rendre aux convocations ont conduit les policiers à se rendre au domicile du couple mardi. Ceux-ci ont découvert un «enfant très affaibli physiquement, manifestement intelligent mais sans aucune éducation», selon le procureur.

Les deux enfants ont été placés en famille d'accueil. L'aîné fait l'objet d'examens médicaux complémentaires. Le petit frère, âgé de 17 mois, ne semble pas avoir été maltraité, selon les premiers éléments de l'enquête.

Les voisins ont appris l'arrestation avec stupeur et exprimaient leur incompréhension.

«C'est un enfant qu'on apercevait de temps en temps. Il ne tenait pas en place, plutôt turbulent, mais rien ne laissait penser qu'il était maltraité. Pas de traces évidentes de coups en tout cas», a déclaré leur voisin, Charles.

«C'était un petit hyperactif. Parfois, je l'entendais crier surtout l'été quand ses parents dînaient dehors, mais de là imaginer un tel drame...», a raconté une autre voisine souhaitant garder l'anonymat.