Peu d'espoir demeurait mercredi à Cologne en Allemagne de retrouver en vie deux personnes ensevelies sous les décombres du bâtiment des archives municipales, à la valeur historique inestimable, qui s'est effondré mardi pour des raisons encore inconnues.

La destruction des documents ensevelis, désormais menacés par une montée des eaux --notamment des manuscrits du Xe siècle ou des originaux du compositeur Jacques Offenbach et du prix Nobel de littérature Heinrich Böll, tous deux natifs de Cologne--, représenterait une «perte culturelle» pour toute l'Allemagne, a mis en garde la municipalité.

«La chance de retrouver une personne vivante dans les décombres est proche de zéro», a indiqué Stephan Neuhoff, chef des pompiers de la ville, au cours d'une conférence de presse télévisée.

Il a précisé que ces deux personnes se trouvaient plus précisément sous les décombres d'un immeuble d'habitation voisin des archives, situé comme celles-ci au dessus d'une ligne de métro en travaux. Au total, deux immeubles ont été entraînés par la chute du bâtiment des archives.

Selon le chargé des affaires culturelles de la ville, Georg Quander, tous les employés des archives ont pu s'échapper avant l'écroulement de ce bâtiment datant de 1971.

«Il y a d'abord eu du bruit et en trois minutes nous avons réussi à évacuer tout le monde, du dernier étage au sous-sol», a-t-il raconté pendant la conférence de presse.

Heiko Wegener, un riverain d'un des deux immeubles d'habitation voisins, a expliqué comment il avait réussi à «en réchapper avec (son) amie depuis le deuxième étage en empruntant le couloir qui commençait à se fissurer en deux».

«J'ai encore réussi à libérer des locataires du premier étage», a-t-il ajouté sur la chaîne de télévision n-tv.

Les quelque 70 locataires d'une maison de retraite ainsi que les élèves d'un lycée ont aussi pu être évacués à temps.

Les recherches des victimes sont retardées par la nécessité de stabiliser les bâtiments détruits dont des pans entiers étaient toujours suspendus dans le vide. Ainsi, «300 tonnes de béton ont été coulées (mardi) et 700 tonnes supplémentaires doivent l'être» mercredi, a précisé M. Neuhoff.

Selon Georg Quander, le bâtiment a été englouti dans un cratère souterrain, qui serait profond de douze mètres. «La cause de l'accident est à rechercher dans le sous-sol», a-t-il assuré, pas dans le bâtiment des archives en lui-même. Pour le maire de la ville Fritz Schramma, il convient désormais de remettre à plat les travaux d'extension de la ligne de métro.

«Dans le pire des cas», a ajouté M. Quander, «les dégâts seraient encore plus importants que ceux consécutifs à l'incendie (de la bibliothèque) Anna-Amalia à Weimar» (est) en 2004, où près de 50.000 livres étaient partis en fumée.

Les archives de Cologne comprennent «trente kilomètres linéaires d'étagères de documents» a-t-il précisé, ce qui en font les archives municipales les plus importantes «non seulement en Allemagne, mais aussi au nord des Alpes», selon M. Quander.

Les archives, qui comprennent notamment des oeuvres léguées par l'écrivain Heinrich Böll (1917-1985) ou encore des partitions du compositeur Jacques Offenbach (1819-1880), devaient être transférées dans un bâtiment plus moderne et plus spacieux.