Ségolène Royal et Martine Aubry enterrent provisoirement la hache de guerre. Trois mois après les déchirements du congrès de Reims, 11 amis de la candidate malheureuse au poste de premier secrétaire ont été nommés mardi au secrétariat national, le «gouvernement» du Parti socialiste français.

Au PS, l'heure est à la réconciliation, du moins en façade. Début décembre, après une bataille à couteaux tirés pour le leadership du parti, Martine Aubry et Ségolène Royal n'étaient pas parvenues à s'entendre sur la composition de la nouvelle direction. Les «royalistes» avaient refusé les propositions jugées insuffisantes de la nouvelle première secrétaire et étaient donc restés à l'écart du secrétariat national, composé des seuls soutiens de la mairesse de Lille.

Trois mois plus tard, les deux camps ont scellé mardi soir au bureau national un rapprochement très tactique, dicté officiellement par la nécessité de faire preuve d'unité face à la crise et de préparer ensemble les élections européennes du 7 juin, qui s'annoncent difficiles pour le PS.

Le secrétariat national, qui comptait 49 membres, s'élargit à 11 amis de Ségolène Royal, selon un communiqué de la direction diffusé pendant le bureau national. Martine Aubry a banalisé ces nominations, puisque les noms des amis de Ségolène Royal sont noyés dans une liste de 31 nouveaux membres de la direction, désormais composée de 80 personnes.

Ségolène Royal, toujours «disponible», reste hors de la direction. Elle a déjà indiqué qu'elle accepterait une «mission», et elle rencontrera Martine Aubry dans les jours qui viennent pour définir avec elle la nature de cette mission.

«Face à la situation économique et sociale que vit notre pays, face aux enjeux qui sont devant nous de changer la majorité au Parlement européen (...), je souhaite que les socialistes soient le plus unis possible», a expliqué mardi matin Martine Aubry pour justifier cette ouverture.

Dans un communiqué publié en début de soirée, Ségolène Royal s'est félicitée de «cette étape de rassemblement qui vient d'être franchie». «Les Français ont besoin d'une gauche unie et apaisée. J'ai tout fait pour cela et cette union va faire du bien», a déclaré la candidate malheureuse au poste de premier secrétaire.

Avec l'entrée des «royalistes» dans la direction, le PS solde les comptes du passé, mais la rivalité Royal-Aubry demeure pour l'avenir. «On débute un processus qui peut montrer qu'on peut travailler ensemble, mais ce n'est pas une recomposition générale de la direction», tempère un royaliste pour qui «c'est un signe mais ce n'est pas le rassemblement».

Entièrement tournée vers la présidentielle de 2012, Ségolène Royal n'a pas l'intention de ne plus se faire entendre et de déclencher des polémiques, comme elle l'a fait spectaculairement en se rendant en Guadeloupe le week-end dernier.

Invitée à commenter l'escapade guadeloupéenne de sa rivale, Martine Aubry a d'ailleurs répondu sèchement: «Je dirais comme François Hollande: Ségolène Royal, c'est elle».