Plusieurs milliers de personnes ont manifesté jeudi à Paris pour protester contre les réformes du gouvernement français dans l'enseignement supérieur, la recherche et l'éducation, qui suscitent la colère des enseignants et des étudiants depuis trois semaines.

Chercheurs en blouse blanche devant, étudiants derrière, entre 15 000 et 30 000 personnes selon les sources ont défilé au son des cornes de brume avec des slogans comme «Moins de chercheurs = moins de progrès» ou «Lycéens, étudiants, personnels et enseignants, c'est tous ensemble qu'on doit lutter, c'est tous ensemble qu'on va gagner». Alors que la mobilisation dure depuis trois semaines, Valérie Robert, de Sauvons l'université, a jugé «l'état d'esprit toujours très combatif».

Le projet de modification du statut des enseignants-chercheurs (professeurs et maîtres de conférences) voulu par le président Nicolas Sarkozy doit concrétiser le transfert aux universités de la gestion des carrières des personnels, prévu dans une loi d'autonomie des universités de 2007.

Les contestataires jugent que leur statut risque ainsi de perdre son caractère national. Ils craignent en particulier l'arbitraire des présidents de facultés, une perte d'indépendance et une hausse des heures d'enseignement au détriment du temps de recherche.

Les enseignants entendent aussi protester contre la suppression de 900 postes prévue en 2009, première baisse des effectifs depuis des années.

La loi d'autonomie, dont l'application progressive concerne déjà une vingtaine d'établissements, va permettre à terme à chaque université de gérer elle-même son budget, de définir sa politique de recrutement des étudiants et des enseignants, ou encore son organisation pédagogique.

La France est dotée d'un enseignement supérieur où coexistent un système très efficace mais très sélectif de «grandes écoles», qui forment les élites de l'administration ou des entreprises, et des universités qui manquent de moyens.