À Paris, l'indiscrétion ne constitue pas une faute de goût.

On savait depuis novembre 2007 que Nicolas Sarkozy et Carla Bruni s'étaient rencontrés lors d'un dîner intime organisé chez Jacques Séguéla. L'autoproclamé «fils de pub», âgé de 75 ans mais toujours fringant et éternellement bronzé, raconte dans un livre intitulé Autobiographie non autorisée et dans le menu détail la rencontre entre l'ancienne top-modèle d'origine italienne et le président français.

Une rencontre qui tourne instantanément au coup de foudre: «Ils étaient seuls au monde, raconte avec lyrisme Jacques Séguéla, on jouait Marivaux, où humour se fait amour. L'un et l'autre paraissaient emportés par une attraction qui les dépasse. Je compris ce qui m'avait fait provoquer cette rencontre. Ils étaient programmés l'un pour l'autre.»

Grâce au publicitaire, devenu célèbre en mai 1981 pour avoir inventé le slogan de la campagne de François Mitterrand, «La force tranquille», on apprend que le président a chuchoté à l'oreille de Carla, en fin de soirée: «Carla, es-tu cap à cet instant, devant tout le monde, de m'embrasser sur la bouche?»

La scène se passe le 13 novembre, dans une résidence cossue de Marnes-la-Coquette, banlieue ultra-chic de l'Ouest parisien, qui a voté à 79% pour Sarko en mai 2007. Nicolas Sarkozy est officiellement divorcé de Cécilia depuis le 16 octobre. Quelques jours plus tard, il a demandé à son «ami» Séguéla de lui organiser «un dîner de copains chez toi avec ta bande».

Il y a huit convives autour de la table. Le couple Séguéla. Guillaume Cochi, décorateur de haut vol qui a réaménagé l'hôtel particulier de Carla. Le philosophe et ancien ministre Luc Ferry avec sa femme. Luc Ferry ne cache pas qu'il a eu une brève liaison avec la chanteuse, «entre Laurent Fabius et Mick Jagger». Pas rancunière, sa femme Marie-Caroline a accepté d'être la marraine d'Aurélien, le fils que Carla a eu avec le jeune philosophe (lui aussi) Raphaël Enthoven. On est en pays de connaissance.

Toujours selon Jacques Séguéla, il se dessina aussitôt «un jeu inattendu de séduction entre deux fauves, chacun, tour à tour, marquant son territoire en titillant l'autre».

Récit de Séguéla :

«Le 1er juin prochain, dit Nicolas, tu vas chanter au Casino de Paris. Ce soir-là, je serai au premier rang et nous annoncerons nos fiançailles. Tu verras, nous ferons mieux que Marilyn et Kennedy.

- Des fiançailles! Je ne vivrai désormais avec un homme que s'il me fait un enfant.

- Question enfant, j'en ai élevé cinq.»

Arrivé sans cravate, le président a commencé sur le mode du vouvoiement, puis est passé rapidement au «tu», comme à son habitude. Il explique à Carla Bruni qu'il n'est «pas un cadeau», car les paparazzis harcèlent toutes les femmes qu'il approche.

Elle: «En matière de peopolisation, tu es un amateur, réplique-t-elle. J'ai eu huit années de clandestinité avec Mick Jagger. Jamais un photographe ne nous a surpris.»

Lui: «Comment as-tu pu rester huit ans avec un homme qui a des mollets aussi ridicules?» Les convives s'esclaffent.

À la fin du repas, selon les auteurs du récent livre Carla et Nicolas, Valérie Benaïm et Yves Azéroual, Carla Bruni demanda en toute candeur à son compagnon de table : «As-tu une voiture?»

L'idylle devait être officialisée à Euro Disney le 15 décembre suivant devant une nuée de photographes.