La Russie a accusé réception dimanche avec un «prudent optimisme» du «signal très fort» que lui a adressé l'administration Obama afin de restaurer le dialogue entre Washington et Moscou, y compris sur le bouclier antimissile.

«La nouvelle administration américaine envoie un signal très fort, et nous l'entendons, en vue de restaurer le dialogue entre les États-Unis et la Russie», a déclaré le vice-premier ministre, Sergueï Ivanov, à l'issue d'un entretien avec le vice-président américain Joe Biden à Munich (sud de l'Allemagne). Leur rencontre en marge de la 45e Conférence sur la sécurité a permis, pour la première fois depuis l'investiture du président Barack Obama le 20 janvier, à de hauts responsables des deux pays de discuter de l'état des relations russo-américaines, après les années Bush.

«Il y a de l'optimisme, un prudent optimisme», a confié M. Ivanov, ajoutant: «Nous saluons le désir de la nouvelle administration Obama d'ouvrir un dialogue sur bien des choses, dans bien des domaines, dans un esprit d'ouverture, y compris sur la question de la défense antimissile».

«Nous avons toujours dit que les Iskanders (fusées russes à courte portée ndlr) ne seraient déployés à Kaliningrad que si le bouclier antimissile était installé en Pologne et en République tchèque dans la configuration imaginée par l'administration américaine précédente», a-t-il ajouté. «Si cela ne se produit pas, alors il n'y aura pas d'Iskander», a-t-il dit sans préciser la «configuration» que Moscou pourrait accepter.

Avant son entretien avec le vice-président américain, M. Ivanov avait qualifié de «très positif» le discours que celui-ci avait prononcé la veille devant la conférence, où il faisait état de l'«intention américaine de relancer les relations russo-américaines».

Si rien n'avait filtré encore côté américain du résultat de l'entretien, M. Biden a encore montré dimanche que Washington n'est pas prêt à n'importe quelle concession. Avant de rencontrer M. Ivanov, il a eu un entretien avec le président géorgien Mikheïl Saakachvili, honni de Moscou.

À la presse qui lui demandait son opinion sur l'adhésion de la Géorgie à l'OTAN, le vice-président a répondu que c'était à ce pays d'en décider. Une perspective qui déplaît à la Russie et alimente un de ses principaux différends avec les Occidentaux.

«Je suis pour que la Géorgie continue de jouir de son indépendance et de son autonomie. C'est à la Géorgie qu'il appartient de prendre la décision», a dit M. Biden.

Samedi, M. Biden tout en tendant la main à la Russie dans l'espoir d'en finir avec les tensions russo-américaines avait souligné que Washington ne reconnaîtrait jamais l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, pas plus que l'existence d'une quelconque «sphère d'influence» russe dans le Caucase.

Moscou, qui a reconnu l'indépendance des deux territoires sécessionnistes géorgiens après le bref conflit armé qui l'a opposé à Tbilissi en août, y entretient des milliers de soldats et a l'intention d'y établir une base navale permanente. Selon M. Ivanov, la Géorgie n'a «pratiquement pas été abordée».

La bonne humeur de Moscou ira-t-elle par ailleurs jusqu'à accepter que les Américains conservent leur base de Manas, au Kirghizstan? Washington est convaincu que la Russie est derrière la fermeture de la base annoncée par le gouvernement kirghiz.