La Commission européenne a critiqué vendredi à Moscou la situation des droits de l'Homme en Russie après les meurtres récents de journalistes et de défenseurs des libertés publiques, Vladimir Poutine contre-attaquant sur ce thème, tout en revenant sur la crise du gaz.

«Dans l'opinion publique (européenne), il y a une certaine inquiétude à la suite d'événements récents en Russie, en l'occurrence les meurtres de journalistes et de défenseurs des droits de l'Homme», a déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

Il s'exprimait au cours d'une conférence de presse commune avec le chef du gouvernement russe Vladimir Poutine, à l'issue d'une rencontre entre une importante délégation de la Commission et de hauts dirigeants russes.

M. Barroso faisait notamment allusion au double meurtre le 19 janvier d'un avocat russe spécialiste des crimes commis en Tchétchénie (Caucase du Nord), Stanislav Markelov, et d'une journaliste du bihebdomadaire Novaïa Gazeta, Anastassia Babourova.

M. Poutine a répondu en appelant les Européens à se pencher sur les violations des droits de l'Homme existant chez eux, considérant par ailleurs que les problèmes russes et européens en la matière ne pouvaient être séparés.

«Nous ne sommes pas satisfaits de la manière dont est traité le problème des minorités russophones dans les pays baltes. Nous savons qu'il y a des violations des droits des immigrés dans les pays d'Europe. Nous connaissons l'état des systèmes carcéraux de certains pays européens. Nous aussi on a ces problèmes», a lancé M. Poutine.

«Nous espérons que ces problèmes vont être discutés comme un ensemble», a-t-il ajouté, avant de conclure en s'adressant à M. Barroso: «acceptez que je vous renvoie la balle de la part du gouvernement de la Fédération de Russie».

M. Barroso a aussi indiqué avoir parlé avec le président Dmitri Medvedev du respect de l'Etat de droit en Russie.

Evoquant la récente crise du gaz, M. Poutine a demandé que les observateurs de l'UE déployés en Ukraine pour surveiller le transit du gaz russe vers l'Europe restent «au moins» jusqu'à la fin du premier trimestre 2009.

Les Européens avaient été privés pendant 15 jours en janvier de la majeure partie du gaz russe qu'ils recevaient jusqu'alors, Moscou ayant interrompu les livraisons transitant par l'Ukraine en raison d'un conflit sur les prix et des arriérés de paiement.

La Russie avait lié la reprise de ses livraisons à la mise en place d'un système de surveillance du transport du gaz sur le territoire ukrainien, Moscou ayant accusé Kiev de siphonner une partie du gaz destiné à l'Europe.

«La dernière crise du gaz a montré que cela n'allait pas très bien en la matière», a déclaré pour sa part M. Medvedev, à l'occasion de discussions au Kremlin avec M. Barroso.

«Nous devons réfléchir à la création d'un véritable système juridique international pour empêcher ce genre d'incidents parce que le système actuel ne fonctionne pas», a-t-il dit.

Outre la sécurité énergétique, les conséquences de la crise financière sur les économies russe et européenne, ainsi que la préparation du prochain sommet UE-Russie qui aura lieu en mai en Russie étaient au menu de cette rencontre.

M. Barroso a par ailleurs évoqué en des termes très généraux le danger du «protectionnisme» qui se renforce avec la crise économique mondiale.

La précédente réunion entre une délégation de la Commission européenne et des membres du gouvernement russe avait eu lieu à Bruxelles en décembre 2005.