Le gouvernement du Kirghizstan a décidé mercredi de fermer une base aérienne américaine dans cette ex-république soviétique d'Asie centrale, comme le souhaitait depuis longtemps la Russie.

Le gouvernement kirghiz a approuvé un projet de loi «pour dénoncer l'accord avec les Etats-Unis sur la présence de la base américaine au Kirghizstan» et a soumis un projet de loi en ce sens au Parlement, a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement, Marat Kydyraliev.

Selon lui, le Parlement doit examiner le texte jeudi, selon des députés vendredi. L'Assemblée étant contrôlée par les partisans du président kirghiz Kourmanbek Bakiev, son approbation ne faisait guère de doute.

Aux termes de l'accord, la base sera fermée six mois après la dénonciation du document par l'une des parties.

«Il n'y aura pas de pas en arrière», a déclaré à la presse le secrétaire du Conseil de sécurité kirghiz, Adakhan Madoumarov, en marge d'un sommet à Moscou.

La décision de principe avait été annoncée mardi à Moscou par M. Bakiev, au côté de son homologue russe Dmitri Medvedev, quelques minutes après l'octroi au Kirghizstan d'un crédit russe de deux milliards de dollars (1,55 milliard d'euros).

La Russie, qui souhaitait depuis longtemps la fermeture de cette base située à l'aéroport Manas de Bichkek, a cependant nié avoir influencé le Kirghizstan.

«C'est une décision du gouvernement kirghiz», «c'est un Etat souverain», a déclaré le vice-Premier ministre russe, Sergueï Ivanov, dans un entretien avec l'AFP.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine, a de son côté souligné que les Kirghiz travaillant en Russie apportaient dans leur pays «qui se trouve dans une situation extrêmement difficile» l'équivalent de son budget annuel.

La base américaine (1.200 militaires) sert depuis fin 2001 de plate-forme de soutien logistique aux troupes de la coalition internationale engagées en Afghanistan.

L'ambassade des Etats-Unis à Bichkek a déclaré mercredi n'avoir reçu aucune notification de la décision du Kirghizstan de fermer prochainement ces installations.

Dès mardi, le gouvernement américain s'était empressé de dire qu'il espérait pouvoir «continuer» de se servir de la base, selon le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, la jugeant «extrêmement importante» pour les Etats-Unis.

Manas, proche d'une base aérienne russe, est d'autant plus importante pour Washington qu'en novembre 2005 une base militaire américaine en Ouzbékistan (Asie centrale) a été fermée.

Les manifestations contre la présence américaine s'étaient multipliées ces trois dernières années après des faits divers impliquant des militaires américains.

Depuis son arrivée au pouvoir à l'été 2005, le président Bakiev menaçait Washington de fermer Manas. A chaque fois, les deux parties avaient trouvé un accord, les Etats-Unis augmentant leur aide à Bichkek et versant un loyer plus élevé.

«La perte de cette base est un échec de la politique américaine dans la région», souligne Alexandre Kniazev, de l'Institut de la CEI (11 ex-républiques soviétiques).

«On ne peut être assis entre deux chaises (...) Nous avons une mentalité similaire avec les Russes. Le russe est une langue de communication reconnue officiellement au Kirghizstan et un million de nos migrants travaillent en Russie en apportant au Kirghizstan un milliard de dollars. Nos relations avec la Russie doivent rester étroites. Les Etats-Unis n'ont pas justifié nos attentes du point de vue économique», a déclaré le député du parti pro-présidentiel Narynbek Moldobaïev.