Mgr Richard Williamson, un évêque négationniste britannique dont le Vatican a levé le 24 janvier l'excommunication, s'est excusé vendredi auprès du pape Benoît XVI pour la «peine et les problèmes» qu'il a causés par ses propos remettant en cause l'existence des chambres à gaz.

Dans une lettre publiée vendredi sur son blog personnel, Mgr Williamson qualifie ses commentaires sur cette question d'«imprudents».

Face «à cette énorme tempête médiatique provoquée par des propos imprudents de ma part à la télévision suédoise, je vous supplie d'accepter (...) mes sincères regrets pour vous avoir causé à vous même et au Saint-Père tant de peine et de problèmes inutiles», écrit l'évêque dans cette lettre adressée au cardinal Dario Castrillon Hoyos, le prélat chargé de la question de la réintégration des évêques excommuniés. Mgr Williamson adresse également ses «sincères remerciements personnels» au cardinal Hoyos et au pape pour la levée de son excommunication.

Le porte-parole du pape, le père Federico Lombardi, a déclaré ignorer si le cardinal Hoyos et Benoît XVI ont vu cette lettre. Le porte-parole a expliqué n'avoir «rien à dire» sur ce texte. ôôChacun pourra en juger», a-t-il dit.

Samedi dernier, Benoît XVI a officiellement levé les excommunications prononcées contre quatre évêques intégristes ordonnés en 1988 sans le consentement de Rome par Mgr Marcel Lefebvre, le défunt archevêque français ultraconservateur. Cette réintégration a suscité la colère de la communauté juive, mais aussi des remous parmi les catholiques.

Mercredi, le pape Benoît XVI a tenté de désamorcer la polémique en exprimant sa «solidarité pleine et incontestable» avec les juifs. Ces propos n'ont pas suffi et le grand rabbinat d'Israël, plus haute instance du judaïsme dans le pays, a annoncé la rupture de ses relations avec le Vatican pour protester contre la réintégration de ces évêques, dont Richard Williamson.

Les autres prélats réhabilités sont le Suisse Bernard Fellay, l'Espagnol Alfonso de Gallareta et le Français Bernard Tissier de Mallerais, regroupés au sein de la Fraternité Saint Pie X, un mouvement traditionaliste opposé aux enseignements libéraux du concile Vatican II.

Dans une interview accordée en novembre dernier mais diffusée la semaine dernière par la télévision suédoise, Richard Williamson avait affirmé que les preuves historiques allaient «massivement à l'encontre du gazage délibéré de six millions de juifs dans des chambres à gaz comme politique délibérée d'Adolf Hitler».

Richard Williamson prétend que tout au plus «entre 200 000 et 300 000 personnes ont péri dans les camps de concentration nazis, mais pas une seule d'entre elles par gazage dans les chambres à gaz».

Le Saint-Siège a tenté de prendre ses distances avec les déclarations de l'évêque britannique en expliquant de façon quelque peu embarrassée que la levée d'excommunication ne signifiait nullement que le Vatican partageait ses vues.

Mercredi, le grand rabbinat d'Israël a adressé une lettre au Saint-Siège exprimant son «chagrin» et sa «douleur» après la réhabilitation décidée par le pape. «Il sera très difficile pour le grand rabbinat d'Israël de poursuivre comme auparavant son dialogue avec le Vatican».