Après la tempête qui a frappé le Sud-ouest de la France et fait neuf morts ce week-end, et alors que plus de 420 000 foyers étaient toujours privés d'électricité lundi soir, le gouvernement veut aller vite: le premier ministre François Fillon a annoncé que la décision de catastrophe naturelle devrait être prise dès mardi matin.

Au cours d'une réunion de crise lundi après-midi à Matignon, M. Fillon a par ailleurs demandé aux représentants des sociétés d'assurance, qui étaient présents, de «faire des gestes commerciaux vis-à-vis de populations qui sont particulièrement éprouvées», en n'appliquant pas les franchises. Certaines ont déjà dit oui, dont la Matmut.

Un coordonnateur des questions d'assurance va d'ailleurs être nommé pour régler les conflits entre assureurs et victimes, comme cela avait été le cas après la tornade du 3 août 2008 à Hautmont (Nord).

A la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA), on jugeait qu'il était «un peu tôt» pour une estimation des dégâts, tout en évoquant d'ores et déjà «plusieurs centaines de millions d'euros».

Le Sud-Ouest tentait lui de reprendre une vie normale, alors qu'on apprenait lundi matin le décès d'une neuvième victime, une personne âgée décédée à l'hôpital de Mont-de-Marsan après avoir été retrouvée en hypothermie dans son jardin à Sarbazan. Département le plus touché, les Landes ont enregisté quatre décès, et si la majorité des écoles devaient rouvrir mardi en Gironde, ce n'était pas le cas dans les Landes, où les transports scolaires sont toujours interdits et la circulation difficile sur les axes secondaires.

En Midi-Pyrénées, quelque 58 personnes intoxiquées par les émanations de monoxyde de carbone dégagées par des groupes électrogènes ont été hospitalisées au CHU de Toulouse.

Après les dégâts provoqués par le vent, le risque majeur est désormais celui des crues: Météo France maintenait lundi soir son alerte orange sur l'Aquitaine et le Midi-Pyrénées, en raison de crues importantes sur les bassins de l'Adour, de la Garonne et de la Charente.

Le mot d'ordre était au rétablissement le plus rapidement possible des services publics, l'idée étant de faire mieux que lors de la tempête-référence de 1999, où cela avait pris trois semaines.

Pierre Gadonneix, PDG d'Electricité Réseau Distribution France (ERDF), s'est fixé comme objectif «plus de 90% des personnes raccordées» d'ici dimanche prochain. Le rétablissement sera plus lent dans les Landes, où une cellule de crise spéciale va être mise en place et un millier de personnels affectés.

Alors qu'il y avait 1,7 million de foyers privés d'électricité samedi, M. Gadonneix a estimé sur France Info que «les trois quarts du chemin» avaient été parcourus en 48 heures: lundi à 18 h, 427 000 clients étaient toujours privés d'électricité.

La région Midi-Pyrénées restait la plus touchée, avec 96 000 foyers sans courant, contre 38 000 en Aquitaine et 23 000 en Languedoc-Roussillon. Quelque 1200 groupes électrogènes ont été installés pour les secteurs les plus dévastés. Du côté du téléphone, si 100 000 lignes ont été rétablies dans les dernières 24 heures, 100 000 clients en téléphonie fixe et haut débit en sont toujours privés en Aquitaine, 60 000 en Midi-Pyrénées et 40 000 en Languedoc-Roussillon. Sur tout le Sud-ouest, le réseau de téléphonie mobile est touché à des degrés variables, entre 10% et 60%, selon les départements.

Au chapitre des conséquences économiques, une réunion sur la filière bois, la forêt landaise étant particulièrement touchée, devait également se tenir mardi matin au ministère de l'Agriculture, François Fillon annonçant en outre son intention de réunir «dans quelques jours» les représentants des collectivités territoriales concernées.

La SNCF a elle annoncé le rétablissement de la circulation sur les axes Bordeaux-Agen-Toulouse, Tarbes-Toulouse et Bordeaux-Périgueux, après celui dans la matinée de l'axe Narbonne-Perpignan. Les grandes lignes avaient aussi été rétablies dans la matinée, sur les axes Paris-Bordeaux, Paris-Toulouse, via Limoges, et Toulouse-Montpellier.