Plusieurs dizaines de députés français de l'opposition socialiste ont chanté la Marseillaise à l'Assemblée nationale avant de quitter l'hémicycle mardi soir, pour protester contre un projet de réforme du Parlement dont l'examen suscite des tensions depuis une semaine.

Dans un mouvement de protestation sans précédent depuis des années, les députés se sont rassemblés mardi peu après 23h00 (17 h HNE) au pied de la tribune du président de l'Assemblée en scandant «démocratie, démocratie» et en chantant l'hymne national.

Le président UMP (droite, majorité) de l'Assemblée, Bernard Accoyer, a poursuivi la séance, imperturbable. «Accoyer, démission», a alors scandé l'opposition.

La gauche a ensuite quitté l'hémicycle, laissant seul le gouvernement avec sa majorité poursuivre l'examen du projet de loi organique qui prévoit de limiter la durée des débats parlementaires et encadre le droit d'amendement.

«Nous avons assisté à un coup de force de certains députés de l'opposition. Je déplore profondément cette attitude violente, en particulier de la part de parlementaires en charge de légiférer. Elle n'est pas digne de la représentation nationale», a réagi M. Accoyer dans une déclaration à l'AFP.

«C'est la première fois de ma vie que je vois une attitude aussi scandaleuse et inadmissible», a dénoncé le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement Roger Karoutchi.

«Il faut savoir s'opposer, en particulier à un certain nombre de décisions qui mettent en cause le fonctionnement normal de la démocratie», a déclaré le député socialiste Michel Sapin sur la radio Europe 1.

La tension est montée graduellement dès que l'Assemblée a commencé mardi soir l'examen de l'article le plus controversé du projet de loi prévoyant que «les amendements déposés par les membres du Parlement peuvent être mis aux voix sans discussion».

L'exécutif estime qu'il s'agit de «mieux légiférer», tandis que l'opposition accuse le chef de l'Etat et sa majorité de vouloir «mater» le Parlement.

La colère de la gauche a atteint son paroxysme quand l'Assemblée a voté la clôture anticipée de la discussion sur cet article alors que tous les élus socialistes ne s'étaient pas encore exprimés.