Pour l'heure, rien ne semble devoir entamer l'enthousiasme des Français pour Barack Obama. Mais la lune de miel pourrait être de courte durée, prévenaient hier de nombreux analystes.

Selon un récent sondage, pas moins de 60%des citoyens de l'Hexagone pensent qu'il pourra améliorer la situation internationale. Et 30% qu'il changera leur propre situation. L'enthousiasme envers le premier chef d'État noir des États-Unis est inversement proportionnel à la haine inspirée par son prédécesseur, George W. Bush, qui colle, par bien des traits, à l'archétype du «méchant Yankee». De là à penser que le nouveau dirigeant fera disparaître les clivages idéologiques opposant les deux pays, il y a un grand pas, prévient Philippe Roger, auteur d'un ouvrage de référence sur l'histoire de l'antiaméricanisme en France. «Il ne suffira pas de l'embellie avec Obama pour effacer 200 ans d'antiaméricanisme», souligne M. Roger, qui juge l'enthousiasme de la population française plutôt «superficiel «. Le réveil sera «très dur», notamment en matière de politique étrangère, prévient-il. Plusieurs journalistes français, tout en saluant les qualités du nouveau chef d'État, mettaient de l'avant hier des mises en garde de même nature. «S'il avait envie de se faire élire en France, on ne demanderait pas mieux, nous. Yes, he can. Maintenant on va voir pour de bon s'il can ou ne can pas», ironisait le journaliste de Libération, Mathieu Lindon. La classe politique s'est aussi mise de la partie. Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a prévenu que Barack Obama n'avait pas de «baguette magique» et ne pourrait, malgré ses qualités, faire disparaître d'un geste «les problèmes de l'Amérique, ni accessoirement les nôtres «. Ces bémols n'ont pas empêché au cours des derniers jours plusieurs élus locaux de chercher à s'approprier une part de l'adoration dont fait l'objet le dirigeant américain. La socialiste Ségolène Royal, seule politicienne française présente à Washington pour l'investiture, s'est illustrée en affirmant que le président américain s'était inspirée des stratégies suivies par son équipe durant la campagne présidentielle de 2007.