De nouvelles agressions antisémites ont été enregistrées en France, où la tension s'accroît entre communautés, illustrée par la démission des membres musulmans d'une association d'amitié judéo-musulmane reprochant à leurs homologues juifs leur «silence» sur Gaza.

Un juif a été légèrement blessé jeudi soir à coup de couteau dans une ville de la banlieue de Paris, une agression, suivie de «menaces antisémites», condamnée par la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie.

Le jeune homme de 24 ans avait été agressé jeudi soir à Fontenay-sous-Bois par deux hommes qui voulaient lui voler sa voiture et lui ont porté des coups de couteau, le blessant légèrement, parce qu'ils se seraient rendus compte qu'il était juif, selon des sources policière et judiciaire.

«Constatant qu'il portait un symbole religieux israélite, les agresseurs ont proféré à son encontre des menaces à caractère antisémite et l'ont frappé de quatre coups de couteau», confirme la ministre de l'Intérieur dans un communiqué.

A Toulouse (sud-ouest), des inscriptions hostiles à Israël ont été découvertes vendredi matin dans plusieurs endroits de la ville, dont une près d'un magasin casher. «Israël nazi» ou «sionistes nazis», était-il écrit.

Le Consistoire central de France a appelé vendredi les autorités à faire cesser «les attaques antisémites».

Selon lui, «ce sont déjà 66 actes antisémites qui ont été officiellement recensés, de la menace aggravée jusqu'aux coups de couteaux à la gorge».

«Attendons-nous l'irréparable pour réagir ?» s'alarme le Consistoire qui demande «un réveil général des consciences». «Les actes antisémites ne doivent pas se banaliser dans notre pays», dit-il.

Réagissant à l'agression de Fontenay-sous-Bois, Mme Alliot-Marie a affirmé qu'elle ne tolérerait pas ces «dérives». La ministre en appelle «à la responsabilité de chacun pour que cessent ces agissements qui mettent en cause la cohésion et l'unité nationales».

Espace de dialogue entre juifs et musulmans de France créé en 2004, l'association AJMF a par ailleurs enregistré la démission de ses membres musulmans.

Parmi les démissionnaires, figure Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris et ex-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), principal organe représentatif de la communauté musulmane de France.

«Toute la partie musulmane est partie jeudi», a indiqué à l'AFP Nourredine Seddiki, membre de l'association et directeur de l'Institut théologique de la Grande Mosquée de Paris.

«On ne pouvait pas rester», a-t-il expliqué, déplorant le silence de ses partenaires juifs au sein de l'AJMF, malgré le très lourd bilan humain de l'opération israélienne dans la population de Gaza.

«On ne se parle plus. Ils ne m'ont plus appelé depuis le début de la guerre», a-t-il affirmé, confiant avoir reçu un appel du coprésident de l'AJMF, le rabbin Michel Serfaty après l'annonce de sa démission.

«C'est trop tard», a estimé M. Seddiki.

Dans un communiqué exposant les motifs de sa décision, il se déclare «choqué et consterné devant l'ampleur des massacres inqualifiables dont sont victimes les habitants de Gaza depuis plus de vingt jours par l'armée d'occupation israélienne».

La France compte les plus importantes communautés juive et musulmane d'Europe, avec de 4 à 5 millions de musulmans et environ 600.000 juifs.

Depuis l'offensive israélienne à Gaza, le autorités ont mis garde contre un risque d'«importation» en France du conflit au Proche-Orient.