L'Europe espère enfin voir le bout du conflit gazier entre Moscou et Kiev, la Russie lui ayant promis lundi, «s'il n'y a pas d'obstacle», de rétablir mardi matin ses livraisons de gaz via l'Ukraine mardi matin.

Pour la première fois depuis la coupure de ces livraisons il y a six jours, l'Union européenne et le géant gazier russe Gazprom ont cité une date et une heure précise pour leur reprise: 2 h HNE mardi.

Toutefois, après quatre jours de rebondissements, d'accords annoncés puis dénoncés, les responsables européens restaient prudents et ne parlaient que de «promesse russe».

«La partie russe nous a promis qu'elle rouvrirait les robinets, s'il n'y a pas d'obstacle, à 8H (2 h HNE) mardi», a indiqué le ministre tchèque de l'Energie, Martin Riman, dont le pays préside l'UE.

Même si le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a assuré qu'il n'accepterait plus «de nouveaux retards ou excuses», son commissaire à l'Energie Andris Piebalgs a reconnu qu'il «y a encore des difficultés, on ne sait jamais».

Le directeur de Gazprom, Alexandre Medvedev, a indiqué lui aussi «espérer» que le transit du gaz russe reprendrait mardi matin.

Et une fois les vannes du gaz russe rouvertes, il pourrait y avoir un délai d'au moins trois jours selon Bruxelles pour qu'il arrive aux clients de l'UE.

L'UE, la Russie et l'Ukraine semblent désormais d'accord sur les modalités de déploiement des observateurs internationaux censés veiller au bon acheminement des livraisons russes à travers l'Ukraine - comme le réclamait Moscou, qui accuse Kiev de lui «voler» du gaz destiné aux clients européens.

Les trois parties ont re-signé lundi un document à ce sujet.

La Russie avait jugé dimanche soir un premier accord en ce sens «nul et sans valeur», Kiev y ayant ajouté une déclaration dans laquelle il affirmait n'avoir «aucune dette envers Gazprom» et n'avoir siphonné aucun gaz.

L'Ukraine a du coup dû signer à nouveau lundi matin ce document, sans aucun ajout. L'UE et la Russie ont ensuite fait de même à Bruxelles, selon la présidence tchèque.

Mais d'autres problèmes pourraient apparaître et retarder le rétablissement des livraisons.

Gazprom a averti que les observateurs européens, russes et ukrainiens devraient être «en place» avant que le gaz ne recommence à circuler.

Le gouvernement russe a évoqué un autre différend potentiel: Kiev estime selon lui que le «gaz technique» qui sert à mettre sous pression les gazoducs de transit en Ukraine doit être fourni par Gazprom, ce que Moscou conteste.

La prudence s'impose d'autant plus que le fond du conflit russo-ukrainien reste entier.

Moscou et Kiev diffèrent toujours sur le tarif du gaz russe destiné à la consommation ukrainienne pour 2009. Et Gazprom réclame à la compagnie ukrainienne Naftogaz le remboursement de 600 millions de dollars de dettes.

Les coupures russes, en pleine vague de froid, ont déjà causé des dégâts économiques très importants en Europe, selon Bruxelles - surtout en Slovaquie et en Bulgarie, deux pays de l'UE qui dépendent de Moscou pour la quasi-totalité de leurs besoins en gaz.

Bratislava a réaffirmé lundi vouloir réactiver un réacteur nucléaire de type soviétique si les livraisons ne reprenaient pas très vite, en dépit des avertissements de Bruxelles sur cette décision contraire au traité qui lui a permis de rejoindre l'UE en 2004.

Réunis lundi après-midi, les ministres de l'Energie de l'UE - qui importent 40% de leur gaz de Russie - devaient affirmer leur volonté d'adopter une stratégie énergétique plus offensive.

Même si les Européens ne renient pas leur partenariat avec Moscou, cette coupure de six jours - la plus grave jamais subie par l'UE - impose de diversifier les approvisionnements, a réaffirmé lundi M. Barroso.