Le vice-président du géant gazier russe Gazprom Alexandre Medvedev a accusé samedi à Prague l'Ukraine de voler 35 millions de m3 de gaz par jour en lui demandant de les payer, en plus de ses actuels arriérés.

«Si l'on fait le total du gaz ponctionné sur le pipeline pour l'exportation et celui pris dans des stockages souterrains, le total du gaz pris par Naftogaz (la compagnie ukrainienne) dépasse 35 millions de m3 par jour», a-t-il dit au cours d'une conférence de presse à Prague. «Tout le gaz qui a été pris illégalement devra être payé», en surplus de ce que doivent déjà régler les Ukrainiens, soit «600 millions de dollars», a-t-il ajouté, alors que sa compagnie a cessé depuis le 1er janvier ses livraisons à l'Ukraine, par laquelle transite le gaz destiné à l'Europe.

La société ukrainienne Naftogaz a affirmé vendredi que les Russes ne livraient pas les quantités prévues à destination de leurs clients européens.

Selon M. Medevdev, c'est parce que les Ukrainiens ont ponctionné des stocks appartenant à la société RosUkrEnergo que les livraisons prévues n'ont pu être assurées normalement vers la Pologne, la Hongrie et la Roumanie.

Selon lui, les Ukrainiens sont responsables de la crise actuelle et «se contentent de jouer un jeu politique au lieu de trouver une solution».

Les livraisons de gaz naturel à la Roumanie ont baissé de 30% et celle de Pologne de 6% à partir de vendredi soir, celle de Bulgarie ont diminué samedi de 10 à 15%, celles de Hongrie, cependant, sont normales, selon les informations diffusées par les opérateurs polonais Gaz-System, bulgare Bulgargaz, roumain Transgaz et hongrois MOL.

«Nous pensons que dans ces circonstances, les États qui ont commencé à souffrir devraient prendre toutes les mesures nécessaires pour demander à l'Ukraine d'agir en respect de ses obligations internationales», a dit M. Medvedev.

À Prague, le représentant de Gazprom doit rencontrer des représentants tchèques en charge de l'Union européenne, dont Prague vient de prendre la présidence tournante, pour leur donner une «image complète de ce qui se passe» dans le différend gazier. Il a accusé les Ukrainiens de «manipuler l'opinion publique».

«Nous ne voulons pas intervenir dans la cuisine de l'UE mais si l'organisation veut obtenir la sécurité énergétique, c'est le meilleur moment pour mettre en place ce mécanisme», a-t-il dit.

«Nous ne faisons pas partie de l'Organisation mondiale du Commerce et nous n'avons pas ratifié la Charte de l'énergie (...), mais nous appelons le gouvernement européen à utiliser cet instrument pour influencer l'Ukraine», a-t-il ajouté.

Après un entretien avec le vice-premier ministre tchèque Alexandre Vondra, M. Medvedev doit se rendre à Berlin pour rencontrer la presse dans l'après-midi, puis partir pour Paris, où il verra lundi la ministre de l'Economie Christine Lagarde, selon son porte-parole. Il doit aussi se rendre à Londres, Vienne, puis Milan ou Rome et «peut-être Bruxelles».

La Russie a coupé jeudi l'approvisionnement en gaz de l'Ukraine faute d'un accord sur le prix des livraisons pour 2009 et sur des arriérés de paiement, faisant craindre une répétition du scénario de 2006, qui avait provoqué une chute de l'approvisionnement des clients européens.

En 2006, les Ukrainiens «n'ont pas hésité à prendre autant de gaz qu'ils voulaient, l'Ukraine était un paradis énergétique comme on a pu le voir sur les photos satellites», a accusé M. Medvedev.