L'ETA, durement frappée par des coups de filets policiers, a terminé l'année 2008 en faisant exploser mercredi, après un avis téléphonique, une fourgonnette piégée contre le siège de la télévision basque EiTB à Bilbao (nord) préalablement évacué, sans causer de blessés.

Le véhicule a explosé à 11h05 (5h05 HNE) près du siège d'EiTB à Bilbao (nord), provoquant d'importants dégâts matériels, selon un porte-parole de la police basque.Les fenêtres de l'édifice ont été soufflées et l'explosion a provoqué un incendie qui s'est étendu aux voitures garées à proximité. L'attentat n'a pas fait de blessés, la zone ayant été évacuée à temps après un appel anonyme passé au nom de l'ETA, avertissant de l'imminence de l'explosion.

Une grande colonne de fumée s'élevait dans le ciel de la capitale économique du Pays basque.

Le véhicule piégé avait été dérobé peu auparavant. Son propriétaire a été retrouvé ligoté dans la montagne.

L'enceinte du siège d'EiTB, dans le nord-ouest de Bilbao, héberge aussi les antennes basques de plusieurs médias espagnols, dont la télévision Antena 3 et le journal El Mundo.

Les médias sont régulièrement visés par l'organisation indépendantiste basque armée ETA, tenue pour responsable de la mort de 825 personnes en 40 années de lutte armée pour l'indépendance du pays Basque.

«Mais cet attentat contre le nouveau siège de la télévision autonome basque est aussi une nouvelle attaque contre le monde nationaliste», après l'assassinat le 3 décembre d'un entrepreneur nationaliste basque, Ignacio Urria Mendizabal, a déclaré à l'AFP le journaliste basque Gorka Landaburu, directeur de l'hebdomadaire Cambio 16.

«La télévision basque est une télévision publique et plurielle mais liée au gouvernement basque et en particulier au Parti nationaliste basque (PNV) qui gouverne ici depuis 25 ans. Aujourd'hui, les jeunes de l'ETA n'ont plus aucune pudeur à s'attaquer au nationalisme modéré», a estimé ce spécialiste, lui-même visé par un attentat en 2001.

En juin, l'ETA avait visé une imprimerie du journal basque El Correo, causant d'importants dégâts matériels mais sans faire de blessés.

L'organisation clandestine a l'habitude de marquer les fins d'années par des attentats. Le plus retentissant remonte au 30 décembre 2006: une puissante explosion avait tué deux Equatoriens dans un parking de l'aéroport de Madrid.

Cet attentat avait torpillé le dialogue engagé six mois plus tôt entre l'ETA et le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero.

«En commettant un attentat le 31 décembre, ils recherchent comme tous les terroristes l'effet de propagande et une forte répercussion internationale», selon Gorka Landaburu.

L'ETA a été durement frappée cette année par des opérations policières qui ont décimé sa direction.

Depuis mai, les polices française et espagnole ont successivement interpellé son chef politique présumé Javier Lopez Peña, alias «Thierry», son chef militaire Miguel de Garikoïtz Aspiazu Rubina, alias «Txeroki» et le successeur présumé de ce dernier Aitzol Iriondo Yarza, dit «Gurbitz».

«Après tous les coups qu'ils ont reçu cette année», l'attentat de mercredi «est aussi une manière de dire "nous sommes encore là"», analyse M. Landaburu.

L'ETA, qui figure sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne et des Etats-Unis, a tué quatre personnes cette année: M. Mendizabal, un militaire en septembre, un garde civil en mai et un ex-conseiller municipal socialiste basque en mars.

Les principaux partis espagnols ont condamné l'attentat de mercredi. Le Parti populaire (PP, droite) a dénoncé «une attaque contre la liberté de la presse et d'expression de tous les Espagnols, piliers de notre démocratie».