Les habitants de la petite ville écossaise de Lockerbie et les familles des victimes ont commémoré dimanche dans la simplicité l'attentat contre un avion de la Pan Am, qui le 21 décembre 1988 avait causé la mort de 270 personnes.

Plus de 150 personnes se sont réunies au cimetière de Lockerbie pour le dépôt d'une gerbe, à la mémoire des 259 passagers du vol 103 Londres-New York tués dans l'explosion à 9.400 m d'altitude, et des 11 habitants de la localité morts au sol.

«Ce désastre aérien a depuis longtemps cessé d'être un événement lié à Lockerbie, c'est devenu un événement mondial, et il prend toute sa place dans l'expérience humaine du bien et du mal», a déclaré le chanoine Michael Bands, dans un bref service religieux.

Une minute de silence a été observée juste après 19h00 locale, moment de la tragédie, à Lockerbie et à l'aéroport londonien d'Heathrow, d'où était parti l'avion, avec à son bord 180 Américains rentrant chez eux pour les fêtes de fin d'année.

Les cérémonies se voulaient volontairement discrètes. Des messes dans les églises de Dryfesdale et de Tundergarth, près de Lockerbie, ont eu lieu à 19h00.

Les familles des victimes ont également assisté à un service religieux à l'aéroport d'Heathrow.

Deux cérémonies discrètes de commémoration ont aussi été organisées aux Etats-Unis.

L'une s'est déroulée au cimetière d'Arlington (Virginie) près de Washington et la seconde à l'Université de Syracuse dans l'Etat de New York (est). Trente-cinq étudiants de cette université revenant aux Etats-Unis après des séjours d'études à Londres et Florence en Italie ont perdu la vie dans cet attentat.

L'attentat, qui reste à ce jour celui au bilan le plus lourd jamais commis en Grande-Bretagne, avait semé l'effroi à Lockerbie. Des débris de fuselage, des corps déchiquetés ou des vêtements en loques s'étaient écrasés sur la ville.

Pour l'inspecteur à la retraite George Stobbs, 74 ans, qui s'était rendu à Sherwood Crescent, où avaient péri onze habitants de Lockerbie, la scène était «la plus proche de l'enfer» qu'il soit donné de voir. «Il y avait un grand cratère (...) la chaleur était intense, j'ai vu une porte métallique qui fondait», se rappelle-t-il.

Maxwell Kerr, 72 ans, évoque ces «familles qui rentraient pour Noël. Nous avons trouvé de nombreux cadeaux de Noël éparpillés. Il y avait des hommes, des enfants et des bébés».

Les enquêteurs britanniques et américains étaient remontés jusqu'à deux ressortissants Libyens, Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi et Al-Amine Khalifa Fhimah, provoquant une crise internationale durable avec la Libye.

La Libye avait été soumise à partir de 1992 à des sanctions internationales (embargo militaire, aérien et sur des équipements pétroliers, et gel des avoirs financiers) pour avoir refusé de les livrer.

Le 31 janvier 2001, un tribunal extraordinaire aux Pays-Bas avait acquitté Fhimah, mais condamné Al-Megrahi à la prison à perpétuité, avec une période de sûreté de 27 ans.

Al-Megrahi, 56 ans, qui est atteint selon ses avocats d'un cancer de la prostate en phase terminale, a depuis continué à protester de son innocence. En juin 2007, il a été autorisé à interjeter un deuxième appel contre sa condamnation après un échec en 2002. Cet appel doit être examiné en 2009.

Les sanctions internationales, suspendues dès 1999, ont été définitivement levées le 12 septembre 2003, après que Tripoli eut reconnu sa responsabilité dans l'attentat et signé avec Londres et Washington un accord d'indemnisation des victimes.

La Libye a versé en octobre 2008 les indemnités dues aux familles américaines, levant le dernier obstacle à la normalisation de ses relations avec les Etats-Unis amorcée deux ans auparavant.