La Slovaquie va célébrer son entrée dans le club de l'euro, le 31 décembre prochain à minuit, dernière étape de son intégration européenne près de vingt ans après la chute du communisme.

A Bratislava, un grand feu d'artifice aux couleurs européennes marquera l'accession du premier pays de l'Est à la zone euro qui comptera désormais 16 pays membres et 323 millions de personnes.

Le premier ministre Robert Fico (SMER, gauche), se félicite que son pays puisse s'abriter derrière le bouclier de la monnaie unique «en cette période de profonde crise économique et financière».

«Etre dans la zone euro sera une grande aide pour la Slovaquie», a-t-il déclaré dans un récent entretien avec l'AFP.

Depuis son intégration à l'UE en 2004, le pays de 5,4 millions d'habitants a réussi à s'aligner sur les critères de Maastricht grâce aux grandes réformes menées par le précédent gouvernement libéral, qui ont permis un afflux d'investissement étrangers et un développement économique vigoureux.

A Bruxelles, la Commission européenne s'attend à ce que le changement de monnaie se passe «en douceur».

«Le pays a fait des efforts considérables ces derniers mois pour accelérer les préparatifs, informer le public et assurer la population que les craintes sur les hausses de prix sont prises au sérieux», selon le commissaire européen Joaquín Almunia.

L'inflation reste élevée mais, à l'instar de la zone euro, a reculé en octobre (5,1%) puis en novembre (4,9%).

Pour limiter les risques de flambées de prix, le gouvernement slovaque a adopté plusieurs mesures, avec notamment un contrôle étroit des prix de l'énergie.

Dans le contexte actuel, l'euro représente un atout économique supplémentaire pour ce pays qui, avec le faible coût de la main d'oeuvre, a suscité délocalisations et créations de sites, surtout dans le secteur automobile et électronique.

Ainsi, pour le groupe Volkswagen, qui est devenu le premier exportateur du pays depuis son installation en 1991, «l'arrivée de l'euro aura un impact positif», selon sa porte-parole locale Daniela Rutsch, avec moins de frais bancaires, «plus de stabilité pour la planification et une grande simplication des transactions internes».

Le constructeur allemand envisage de produire en Slovaquie ses nouveaux modèles familiaux, avec un investissement d'environ 300 millions d'euros et 2000 emplois supplémentaires.

Jusqu'à présent, le pays a plutôt bien résisté à la crise globale, même si la production automobile a marqué le pas en octobre (-12,8%). Après une croissance record de 10,4% en 2007, l'économie slovaque reste une des plus performantes d'Europe, avec un résultat enviable de 7,4% attendu pour 2008.

Au départ très réticente, la population a évolué vis à vis de l'euro, avec 58% d'avis positifs et 35% négatifs en novembre dernier, selon les derniers sondages.

Les autorités se félicitent aussi que huit Slovaques sur dix se disent bien informés après six mois de campagne pédagogique ciblée sur les régions les plus reculées et les populations les plus fragiles - les personnes âgées et l'importante communauté Rom.

Comme Chypre, Malte et la Slovénie, la Slovaquie a opté pour un scénario de «big-bang», avec introduction simultanée de l'euro pour les paiements en liquide et les ordres bancaires - au taux de 1 euro pour 30,126 couronnes.

Pendant deux semaines, les paiements se feront en euro ou en couronnes, mais la monnaie sera rendue en euro.

Le 16 janvier, les pièces et billets en vigueur depuis l'indépendance du pays, en 1993, après la partition amiable de la Tchécoslovaquie n'auront plus cours, sauf aux guichets de la banque centrale.