Les manifestations antipolicières semblaient baisser d'intensité vendredi en Grèce, limitées à la capitale Athènes et à Salonique (nord), au septième jour de mobilisation depuis la mort d'un jeune tué par un policier qui avait mis le feu aux poudres samedi dernier.

Après une nuit de répit, la première depuis le début du mouvement, la mobilisation n'a repris dans la journée que dans les deux plus grandes cités du pays, alors que six ou sept villes étaient touchées en début de semaine.A Athènes, quelque 4 000 personnes, dont de nombreux élèves, étudiants mais aussi des professeurs, ont défilé une nouvelle fois pour dénoncer les autorités et réclamer justice après la mort d'Alexis Grigoropoulos, 15 ans.

Le début de la manifestation a été marquée par un court face à face entre jeunes manifestants et policiers. Les premiers ont brièvement jeté des cocktails Molotov et divers projectiles sur des policiers, et les seconds ont répondu en tirant des gaz lacrymogènes, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des policiers ont tenté d'arrêter les jeunes manifestants, mais des parents et des professeurs sont intervenus en les insultant.

Le calme est revenu quelques minutes après, et la manifestation s'est achevée sans autre affrontement en milieu d'après-midi.

Massés derrière une banderole barrée du slogan «Etat assassin», les manifestants ont notamment scandé des slogans hostiles aux policiers tels que «Le sang coule et appelle vengeance» ou «Un à terre, des milliers dans la rue».

Des jeunes s'en sont notamment pris aux façades de deux agences bancaires à coups de pierres et de projectiles.

Après la manifestation, quelques groupes de jeunes étaient toujours présents aux abord de l'Université d'Athènes, a-t-on constaté.

Athènes avait connu entre jeudi et vendredi sa première nuit de calme relatif après six jours de manifestations et de violences.

La police avait déjà fait état jeudi d'une «baisse de tension» par rapport aux jours précédents, tout en restant sur le qui-vive.

Signe d'un retour au calme relatif, les commerçants athéniens s'affairaient vendredi à remettre leurs boutiques en état en vue des Fêtes de Noël.

Les jeunes se sont également mobilisés à Salonique (nord), la deuxième ville du pays. Environ 800 élèves et étudiants y ont défilé dans le calme à l'appel de l'Union des étudiants, qui dépend du parti communiste grec (KKE).

Il s'agit du septième jour consécutif de mobilisation des jeunes Grecs contre les autorités depuis la mort d'Alexis Grigoropoulos, qui a déclenché une mobilisation sans précédent depuis le retour de la Grèce à la démocratie en 1974. Les manifestations ont entraîné une vague d'affrontements entre jeunes et policiers qui ont causé d'importants dégâts aux commerces, banques et bâtiments officiels à Athènes et dans les grandes villes du pays.

Officiellement, les établissements scolaires ont rouvert jeudi dans le pays, après un jour de deuil mardi et une grève générale mercredi, mais beaucoup de lycées et d'universités restaient occupés par les élèves et étudiants.

Le policier inculpé d'«homicide volontaire» pour avoir tué l'adolescent et un autre policier accusé de «complicité» ont été transférés et placés en détention provisoire «dans la plus grande discrétion» jeudi dans la prison de Korydallos à Athènes, le plus grand établissement pénitentiaire de Grèce.

Critiqué par les manifestants et par l'opposition qui l'appelle à la démission, le gouvernement du Premier ministre conservateur, Costas Caramanlis apparaît largement affaibli par cette flambée de violence.

Des incidents liés à la crise grecque ont par ailleurs éclaté cette semaine dans plusieurs autres grandes villes d'Europe, comme à Rome et à Bologne, en Italie, ainsi qu'en Espagne, en Turquie, à Moscou et à Bordeaux (sud-ouest de la France).