La mission de justice et police Eulex, qui doit enfin devenir opérationnelle au Kosovo mardi après plus de neuf mois d'attente, est la plus importante jamais mise en place par les Européens, qui ont fait de la stabilisation des Balkans une priorité.

Cette mission, approuvée par les 27 à la veille de la déclaration d'indépendance à Pristina le 17 février, va pouvoir se déployer grâce à l'aval de l'ONU obtenu la semaine dernière.

Une déclaration de la présidence du Conseil de sécurité a en effet autorisé Eulex à prendre progressivement le relais de la mission de l'ONU, la Minuk, qui gère le territoire depuis 1999, sans pour autant trancher sur le statut contesté du Kosovo.

Vilipendés pour leur inaction face aux conflits de l'ex-Yougoslavie dans les années 90, les Européens, bien que divisés sur cette indépendance imposée à Belgrade, entendent avec cette mission prendre sous leur aile un territoire clé pour la stabilité des Balkans, qu'ils ont promis d'intégrer progressivement à l'UE.

Dirigée par l'ancien commandant des troupes de l'Otan au Kosovo, le général français Yves de Kermabon, Eulex compte à ce jour sur le terrain quelque 1.200 policiers, juristes et douaniers européens, mais uniquement dans les zones à population majoritairement albanaise du territoire.

Selon un responsable de l'UE, elle devrait passer à quelque 1.600 personnes d'ici à mardi, principalement en transférant sous le sigle «UE» des policiers de la Minuk et de la partie police de la mission de l'Otan, la Kfor.

D'ici à la fin de l'hiver, ses effectifs devraient être complets avec 1.900 policiers, juristes et douaniers européens, plus environ 1.100 agents locaux, déployés sur l'ensemble du territoire, y compris les zones majoritairement serbes.

Leur tâche sera d'«aider les institutions du Kosovo, les autorités judiciaires et les organismes chargés de l'application des lois à progresser sur la voie de la viabilité et de la responsabilisation», et d'établir «une justice indépendante et multi-ethnique» ainsi qu'une police multi-ethnique.

Le tout afin «que ces institutions soient libres de toute interférence politique».

Les policiers, juges et procureurs disposeront également de pouvoirs exécutifs limités, notamment pour «enquêter et poursuivre les crimes les plus graves et les plus sensibles».

La quasi-totalité des 27 Etats membres participent à cette mission, ainsi que plusieurs pays hors UE : Norvège, Suisse, Turquie, Croatie et Etats-Unis.

Les Etats-Unis, qui doivent fournir quelque 80 policiers et juges, participent ainsi à leur première opération de l'UE.

Eulex a été lancée pour une période initiale de deux ans. Mais l'UE estime qu'«elle s'achèvera lorsque les autorités du Kosovo auront acquis une expérience suffisante pour garantir l'Etat de droit à tous les membres de la société», ce qui pourrait prendre beaucoup plus de temps.