La justice française a décidé mercredi de rouvrir, 24 ans après les faits, l'enquête sur l'assassinat du petit Grégory, l'une des affaires criminelles les plus mystérieuses et les plus passionnelles en France ces dernières décennies.

«L'espoir» de découvrir l'assassin de leur fils, même s'il est ténu, est ainsi offert à Christine et Jean-Marie Villemin qui mènent «un combat inlassable et admirable pour la recherche de la vérité», ont réagi leurs avocats Marie-Christine Chastant-Morand et Thierry Moser après la décision de la cour.

La cour d'appel de Dijon (centre-est) avait été saisie par les parents de Grégory qui réclament la recherche de traces ADN pour tenter de confondre le ou les assassins du petit garçon, retrouvé mort à 4 ans, noyé dans une rivière de l'est de la France en 1984.

L'instruction avait été été close en 2001, après 17 années d'une enquête hors du commun, hyper-médiatisée, marquée par de nombreux rebondissements. La personnalité de la mère de l'enfant, un temps souçonnée de l'assassinat de son fils, avait surtout cristallisé les passions.

L'affaire avait entraîné un examen de conscience de la justice, mise en cause pour les errements de l'enquête, mais aussi de la presse, violemment critiquée pour avoir pris parti et n'avoir pas respecté la présomption d'innocence.

Grégory, quatre ans, avait été retrouvé mort le 16 octobre 1984 pieds et poings liés dans la Vologne, une rivière des Vosges, un département froid et austère de l'est du pays. Le lendemain du meurtre, les parents avaient reçu une lettre anonyme: «Ton fils est mort. Je me suis vengé».

Un mois après le meurtre, le cousin de Jean-Marie Villemin, Bernard Laroche, avait été inculpé et incarcéré. Relâché en 1985, tout en restant inculpé, il avait été abattu la même année par le père du petit garçon.

En juillet 1985, c'est au tour de la mère de l'enfant, Christine Villemin, d'être mise en cause. Inculpée par le juge Jean-Michel Lambert, elle avait été écrouée pendant quelques jours. La justice l'avait finalement blanchie huit ans plus tard, en février 1993.

À la cour d'appel de Dijon mercredi, les journalistes présents ont pu constater l'état de bonne conservation des pièces à conviction de cette affaire qui seront expertisées par un laboratoire.

Dans un premier sac plastique sont soigneusement pliés les vêtements de l'enfant, son bonnet, son anorak et son survêtement. Dans un deuxième est conservée la cordelette ayant entravé les poignets et les chevilles de l'enfant. Dans un troisième, une seringue et son conditionnement d'insuline, retrouvée sur place. Et dans un quatrième sac, les lettres du «corbeau», envoyées aux parents.

Christine et Jean-Marie Villemin, installés aujourd'hui en région parisienne, espèrent que les progrès de la science permettront, grâce aux expertises ADN, d'exploiter ces éléments matériels.

Selon Me Moser, «un bilan scientifique de ces investigations peut être espéré en mai ou juin 2009». Il estime toutefois que les chances de succès «restent aléatoires».

L'avocat de la femme de Bernard Laroche, Marie-Ange, Me Gérard Welzer, a quant à lui demandé une «réouverture totale» de l'enquête, pour qu'elle ne se limite pas à l'analyse génétique des scellés mais inclue également l'examen des cassettes du «corbeau».