Les Groenlandais ont voté massivement mardi en faveur d'une autonomie élargie ouvrant la voie à l'indépendance de cette île stratégique de l'Arctique sous hégémonie danoise depuis près de 300 ans, selon des résultats partiels publiés par le gouvernement local.

Après dépouillement de 50% des bulletins de vote, le oui l'emporte à 80% contre 19% de non.

Ce régime négocié par la coalition gouvernementale locale (sociaux-démocrates et libéraux) avec le Danemark, accorde aux Groenlandais le droit sur leurs propres ressources minérales (pétrole, gaz, or, diamants, uranium, zinc, plomb).

Il leur confère également pour la première fois le droit à l'autodétermination et les reconnaît en tant que peuple conformément au droit international.

La langue groenlandaise devient par ailleurs la langue officielle du territoire.

Peuplé de 57 000 habitants (dont 50 000 Inuits et 7 000 Danois de la métropole), ce territoire, recouvert à plus de 80% par la calotte glaciaire, bénéficiait jusqu'alors d'un statut d'autonomie interne depuis 1979.

Le petit village d'Ittoqqortormiut, dans l'est de l'île, qui avait dépouillé le premier ses 230 bulletins de vote, en raison du décalage horaire, a voté à 80% oui contre 20% de non.

A l'opposé, la base navale danoise qui abrite le commandement naval du Groenland, a rejeté à 75% ce projet de nouveau régime.

Ce oui massif, prévu par les sondages, n'aura pas cependant d'influence sur la base radar américaine de Thulé, dans le nord-ouest de l'île, car la politique étrangère et de sécurité ainsi que la défense demeurent du ressort de Copenhague.

A Nuuk, la capitale, qui abrite le quart de la population et dont les résultats du vote seront connus plus tard dans la soirée, l'émotion était visible en particulier sur les visages des personnes les plus âgées sortant du bureau de vote.

«C'est un jour de fête, un jour historique, que j'attendais depuis des années et des années», a confié Anne Sofie Fisker, sexagénaire.

«Il était temps que l'on recouvre nos droits et liberté volés à nos ancêtres, un peuple de chasseurs libres et fiers dont on a colonisé les terres», renchérissait David Brandt, ancien marin-pêcheur.

Certes, certains rares, ne cachaient pas leur opposition à cette autonomie renforcée car «elle vient trop tôt, et le pays n'est pas encore prêt pour assumer de nouvelles responsabilités», selon Johannes Mathiassen, chef des informations à la radio groenlandaise.

Dans les rues, avant même l'annonce du résultat final, des feux d'artifices éclairaient le ciel alors que le camp du oui commençait à fêter la victoire au club Manhattan de la ville.

Quelque 39 000 électeurs de 80 villes et villages étaient appelés à se prononcer lors de ce référendum.

Les bureaux de vote, ouverts à 09h00 locales, ont fermé à 20h00 locales.