La vente par une jeune Belge de 24 ans et son compagnon de 22 ans de son bébé de quelques heures à un couple de Néerlandais, rencontré grâce à Internet, a suscité l'émoi lundi dans les médias belges.

«Va-t-on bientôt acheter des bébés sur eBay?», s'est interrogé le journal de référence en Flandre De Standaard, pour qui il ne s'agit de rien de moins que d'un cas de «trafic d'être humain», tandis que le populaire Het Laatste Nieuws faisait par de son «incompréhension».

Le parquet de Gand (nord) a indiqué ce week-end avoir ouvert une enquête à l'encontre du couple belge, dont la femme avait accouché en juillet à l'hôpital Jan Palfijn, pour «supposition d'enfant» (c'est-à-dire l'attribution à une femme d'un enfant dont elle n'est pas la mère) - une fraude passible de cinq années de prison en Belgique.

Le couple belge, qui a déjà un enfant, avait décidé de ne pas garder le bébé en raison de problèmes financiers, a expliqué une porte-parole du parquet de Gand, Annemie Serlippens.

La grossesse étant à un stade avancé, «l'avortement n'était plus possible et les parents sont entrés en contact par Internet avec un couple néerlandais qui désirait un enfant», a précisé la porte-parole.

La mère naturelle de l'enfant s'était présentée au service de maternité sous l'identité de la mère néerlandaise, a pour sa part expliqué le directeur de l'hôpital, Geert Versnick.

Selon Het Laatste Nieuws, l'échange s'est déroulé sur le parking de l'hôpital. Le parquet a confirmé qu'un paiement avait été effectué mais n'a pas souhaité en préciser le montant.

Le couple de Néerlandais (tous les deux sont âgés de 26 ans) s'est ensuite rendu à la mairie de Gand pour déclarer la naissance de «son» enfant, selon la presse belge.

Depuis juillet, le bébé est «élevé correctement» aux Pays-Bas, a expliqué le parquet gantois, selon qui l'enfant peut rester au sein de la famille néerlandaise.

Selon Het Laatste Nieuws, ce jeune couple néerlandais sans histoire vivant au nord-est du pays, qui ne pouvait pas avoir d'enfants, avait fait croire à ses proches à une «adoption légale».

Le couple belge a été entendu par la justice belge mais laissé en liberté. Une commission rogatoire devrait par ailleurs bientôt permettre d'interroger le couple néerlandais, selon le parquet.

Cette affaire en rappelle une autre qui avait défrayé la chronique en Belgique il y a quelque année. Celle d'un nourrisson, surnommé «bébé D.», désormais âgé de 4 ans. Il avait été vendu à un couple sur internet par sa mère porteuse belge, à l'insu du père biologique et de sa compagne, auprès desquels elle s'était d'abord engagée.

La mère porteuse avait changé d'avis après avoir obtenu un prix plus élevé sur internet pour l'enfant.