La présidence géorgienne a accusé dimanche les forces russes d'avoir tiré au passage du cortège des présidents géorgien Mikheïl Saakachvili et polonais Lech Kaczynski près de la région séparatiste d'Ossétie du Sud, une affirmation aussitôt démentie par la Russie.

Les deux présidents «visitaient un point de contrôle près d'Akhalgori lorsque les Russes ont commencé à tirer», a affirmé à l'AFP la porte-parole de M. Saakachvili, Nato Partskhaladzé.

Leur convoi «a essuyé des tirs provenant d'un point de contrôle russe», a déclaré le gouvernement géorgien dans un communiqué.

Le contingent de paix russe en Ossétie du Sud a aussitôt nié avoir ouvert le feu.

«Les affirmations sur l'implication de militaires russes dans des tirs contre le cortège ne correspondent pas à la réalité», a déclaré un représentant de l'état-major des troupes russes en Ossétie du Sud, cité par l'agence de presse Interfax.

«Il n'y a eu aucun tir en provenance de l'Ossétie du Sud visant le territoire géorgien adjacent», a aussi déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine, cité par Interfax.

Le ministère russe de la Défense, cité par l'agence Ria Novosti, a qualifié les accusations de Tbilissi de «provocation».

«Les présidents sont partis immédiatement» après avoir entendu des tirs et «n'ont pas été touchés», a déclaré Mme Partskhaladzé, ajoutant qu'il n'était pas possible de dire si les tirs visaient directement le cortège ou une autre cible.

Les forces russes «n'étaient pas heureuses de nous voir et ont réagi par ces méthodes barbares», a déclaré plus tard M. Saakachvili lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue polonais.

«Il est difficile de dire s'ils ont tiré en l'air ou non. Je suis obligé de dire à mes amis dans l'Union européenne et aux États-Unis que le plan (de paix) en six points a été violé», a déclaré M. Kaczynski.

Comme la Russie, l'Ossétie du Sud a démenti être impliquée dans un quelconque incident.

«La partie géorgienne diffuse une nouvelle fois une désinformation. L'Ossétie du Sud n'est aucunement impliquée dans cet incident», a affirmé le vice-ministre sud-ossète de la Défense, Ibraguim Gasseïev, cité par Interfax.

Le chef du KGB (services spéciaux) de l'Ossétie du Sud, Boris Attoïev, a par ailleurs accusé les présidents géorgien et polonais d'avoir «tenté de violer la frontière de l'Ossétie du Sud».

Il a par ailleurs affirmé qu'il y avait «une concentration des équipements militaires et des effectifs» géorgiens dans la zone de l'incident, adjacente à l'Ossétie du Sud et surveillée par les observateurs européens.

Le président polonais se trouvait dimanche en Géorgie pour célébrer le cinquième anniversaire de la Révolution de la rose qui a porté au pouvoir M. Saakachvili.

La Russie a lancé début août une opération militaire contre la Géorgie, après une tentative de Tbilissi de reprendre le contrôle de l'Ossétie du Sud par la force.

En octobre, Moscou a retiré ses troupes de Géorgie. Mais la Russie a reconnu l'indépendance de l'Ossétie du Sud et d'une autre région séparatiste géorgienne, l'Abkhazie, et prévoit d'y installer des bases militaires.