La bataille sans merci pour la direction du Parti socialiste, principale force d'opposition, touchait à sa fin jeudi, avec le vote des militants pour départager Ségolène Royal, Martine Aubry et Benoît Hamon, un scrutin qui s'annonce serré.

Quelque 230 000 adhérents socialistes sont appelés aux urnes à partir de 17H00 (11 h HNE), à l'issue de plusieurs mois de lutte d'influence et d'un congrès fratricide à Reims. Les résultats devraient être connus dans la nuit de jeudi à vendredi.

Ségolène Royal, 55 ans, ancienne candidate à la présidentielle, devrait sauf surprise arriver en tête des votes. Si elle n'atteint pas la majorité absolue, hypothèse la plus probable, un second tour l'opposera vendredi au candidat arrivé deuxième, vraisemblablement la maire de Lille Martine Aubry, 58 ans.

Mais l'inconnue de ce scrutin destiné à désigner le successeur du Premier secrétaire François Hollande, réside dans la participation et dans le report des voix d'un candidat à l'autre.

Mme Aubry, initiatrice de la semaine de travail de 35 heures et qui défend un PS en phase avec le mouvement ouvrier et syndical, pourrait lors d'un second tour bénéficier des suffrages des électeurs de Benoît Hamon, eurodéputé de 41 ans incarnant l'aile gauche du parti.

La fille de l'ex-président de la Commission européenne Jacques Delors jouit aussi du soutien du maire de Paris Bertrand Delanoë, même si certains partisans de ce dernier ont annoncé leur intention de voter pour Ségolène Royal.

Pour le quotidien Libération, la désignation de Ségolène Royal serait «en terme de style, la plus fracassante des ruptures».

Mme Royal, qui prône une ouverture de son parti au centre tout reprenant des thématiques de gauche, a été la cible de nombreuses attaques au sein de son parti depuis ces derniers mois, et au-delà, depuis le jour où elle s'est lancée dans la course à l'élection présidentielle de 2007.

Populaire auprès des militants mais marginalisée dans l'appareil du PS, cette femme élégante et souriante se démarque par des méthodes peu habituelles, n'hésitant pas à se mettre en scène dans des shows mêlant politique et incantations quasi-mystiques.

«Les gens s'habitueront, ils s'habitueront à mon identité politique, ils s'habitueront à ce que je reste moi-même pour mieux changer le Parti socialiste», a déclaré jeudi sur la radio Europe 1 l'ancienne compagne de François Hollande, avec qui elle a eu quatre enfants.

Au-delà de la désignation du Premier secrétaire se joue la question de l'élection présidentielle de 2012, pour un parti qui a essuyé trois échecs d'affilée à ce scrutin.

«Une chose est sûre: du PS actuel il faut faire table rase», estime encore le journal Libération. «Celle ou celui qui triomphera ne fera pas l'économie d'un vaste coup de balai, d'un projet nouveau pour un parti inaudible face à la crise, d'une remobilisation générale pour des militants désemparés et qui n'hésitent plus à s'en désespérer publiquement».