Syndicats et patronat ont fini vendredi soir une négociation sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) par un projet d'accord visant à créer «une nouvelle dynamique», les syndicats réservant leur réponse mais CFDT et CFE-CGC semblant les plus satisfaits.

Cette négociation sur la GPEC, dispositif d'anticipation des évolutions d'emploi et de compétences, était prévue par l'accord du 11 janvier sur la modernisation du marché du travail. Commencée en juillet, elle s'est achevée vendredi soir après six séances de discussions.

Aucun syndicat n'a souhaité indiquer pour l'instant s'il pourrait signer le projet d'accord, mais la CFDT et la CFE-CGC sont apparues les plus positives.

Laurence Laigo (CFDT) a dit ne pas savoir quand sa confédération donnerait sa réponse car «la période est un peu chargée». «C'est assez important d'aboutir à un texte d'accord qui concrétise une nouvelle étape de la sécurisation des parcours professionnels», a-t-elle toutefois commenté.

Alain Lecanu (CFE-CGC) a trouvé que le texte a «beaucoup d'éléments positifs», mais jugé «pas possible d'avoir un avis définitif avant d'être très avancé sur les négociations formation professionnelle et assurance chômage», censées finir peu avant Noël.

Francine Blanche (CGT), pour laquelle il reste «deux points durs», a précisé qu'«il faudra un peu de temps pour donner une réponse».

Le chef de la délégation patronale, Bernard Lemée (Medef), a déclaré qu'il ne «voyait pas pourquoi les organisations syndicales ne signeraient pas cet accord», souhaitant qu'elles soient «le plus nombreuses possible».

«Chacun a reconnu que le texte avait évolué sur des points fondamentaux», a-t-il dit devant la presse.

Certains syndicats sont pourtant mitigés, voire inquiets, concernant la relation GPEC-licenciements économiques ainsi que la création d'un bilan d'étape professionnel.

La GPEC n'est «pas une étape préalable aux procédures de licenciements collectifs et aux PSE (plans de sauvegarde de l'emploi) qui obéissent à des règles spécifiques, et doit, de ce fait, être dissociée de leur gestion», indique le projet d'accord.

Le texte instaure également un bilan d'étape professionnel tous les cinq ans pour les salariés le souhaitant, ce bilan ne pouvant être refusé par l'entreprise. Son contenu et ses modalités d'application seront définis par un groupe de travail paritaire.

FO, sans «euphorie sur ce texte ayant du sens», a pointé «certaines ambiguïtés notamment sur le lien GPEC-PSE» et «quelques interrogations sur le bilan d'étape professionnel qui pourrait se substituer au bilan de compétences».

La CFTC s'est dite, entre autres, «pas satisfaite de l'article sur GPEC et licenciements, un point de blocage. Ce n'est pas une vision courageuse de la responsabilité sociale des entreprises et c'est un faux débat car la GPEC n'a jamais empêché un licenciement».

Quant à la CGT, elle s'est montrée «très attachée à ce que les entreprises ne puissent pas supprimer des emplois si elles n'ont pas fait avant de démarche d'anticipation. Il ne faut pas leur donner ce blanc-seing surtout en période de crise». Elle a aussi jugé que le bilan d'étape «va signer l'arrêt de mort du bilan de compétences» et que son «financement n'est pas assuré».

Le patronat a argué qu'«il y a dissociation des procédures GPEC-licenciements car on veut favoriser une GPEC axée sur la gestion anticipative, donc il faut le faire de façon sereine au regard des préoccupations des entreprises si par malheur elles sont conduites à mettre en place des licenciements collectifs ou un PSE».