À Pristina, sur le boulevard Mère-Teresa, des dizaines de jeunes flânent dans les cafés. L'avenir du Kosovo leur appartient, dit-on. L'ONU estime que près de six habitants sur dix, dans le pays de 2,3 millions de personnes, ont moins de 25 ans. Pourtant, avec un taux de chômage de plus de 45%, le Kosovo n'est pas à la hauteur des ambitions de la jeunesse.

«Maintenant, nous avons un drapeau, mais c'est exactement la même chose qu'avant l'indépendance, affirme Ardita Kogtazaj, étudiante en enseignement de 19 ans. Il n'y a pas plus de travail.»

 

Pristina se donne maintenant les airs d'une grande capitale européenne. De nouveaux bâtiments sont érigés partout dans la ville. Les cicatrices de la guerre sont invisibles. «À Pristina, c'est beaucoup plus facile, estime Lum Gjikolli, étudiant en droit. Il y a du travail. Ailleurs au Kosovo, les gens crèvent de faim et n'ont pas d'endroit où se loger. Le gouvernement devrait démissionner pour son inaction.»

Il croit que l'indépendance de son pays est un leurre. «On doit toujours s'appuyer sur l'argent de la communauté internationale, observe-t-il. Si elle n'était pas là, nous n'aurions rien à manger. Nous n'avons pas d'économie. Nous n'avons même pas d'indicatif téléphonique régional!»

Du côté serbe, les jeunes ne sont guère plus optimistes. «Il n'y a pas de travail pour moi, affirme Mirsen, un Serbe de la ville de Mitrovica. J'étudie pour devenir électricien, mais je sais que je ne trouverai sûrement pas de boulot. C'est impossible de penser à long terme.»

Pour Nehad Spasojevic, étudiant serbe de 19 ans, l'indépendance du Kosovo n'a jamais eu lieu. «Le Kosovo est le coeur de la Serbie!» Malgré son patriotisme, il désire de meilleures conditions dans les enclaves serbes. «Nous n'avons pas de liberté de mouvement! s'exclame-t-il. En plus, il y a toujours des problèmes d'électricité et d'eau courante.»

La plupart des jeunes rencontrés par La Presse rêvent de s'exiler. Les drapeaux des nations de l'OTAN flottent partout dans la partie albanaise du Kosovo. «J'étudie à l'université pour quitter le Kosovo, explique Mirjeta Begire, 19 ans. L'an prochain, je déménagerai au Canada!»