Le procureur serbe pour les crimes de guerre Vladimir Vukcevic a présenté «de nouvelles preuves» lundi à Tirana à la procureure albanaise Ina Rama sur une affaire de trafic présumé d'organes prélevés sur des prisonniers conduits du Kosovo en Albanie en 1999, selon des sources concordantes.

«Nous avons apporté (à Tirana) de nombreuses nouvelles informations et preuves», a déclaré à l'AFP Bruno Vekaric, porte-parole de M. Vukcevic joint par téléphone à l'issue de l'entretien.

«Selon nos estimations, il existe suffisamment de preuves pour ouvrir une enquête en Albanie, il s'agit d'un cas proche du crime de guerre ou, peut-être, du crime organisé», a indiqué M. Vekaric.

M. Vekaric, qui a qualifié la réunion de «succès», a précisé que la justice albanaise avait «tiré un trait sur ce dossier en 2005 après que les enquêteurs du TPI eurent terminé leurs investigations».

«Nos positions sur l'évaluation des preuves et des faits sont opposées, mais la réunion a été constructive», a poursuivi M. Vekaric en ajoutant: «nous n'avons pas la même opinion, mais nous nous comprenons en tant que professionnels».

Le porte-parole a précisé qu'un accord sur la marche à suivre à propos de ce dossier avait été convenu lors de la réunion à Tirana.

La porte-parole du parquet albanais, Holta Xhidi, a confirmé à l'AFP la tenue, dans la matinée, de cette réunion sans donner de précisions sur son contenu.

A Belgrade, le parquet pour les crimes de guerre a précisé dans un communiqué que cette rencontre concernait l'enquête diligentée par la justice serbe sur un trafic présumé d'organes humains évoqué dans un livre publié au printemps par l'ex-procureure du TPI (Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie) Carla Del Ponte.

Dans son livre, «La chasse, moi et les criminels de guerre» («La Caccia»), Mme Del Ponte affirme qu'environ 300 prisonniers, dont des femmes, des Serbes et d'autres ressortissants slaves, ont été transportés au courant de l'été 1999 depuis le Kosovo jusqu'en Albanie.

La procureure écrit dans ce livre que des journalistes lui ont déclaré que des organes auraient été prélevés sur ces prisonniers puis envoyés vers des cliniques à l'étranger pour être implantés sur des patients qui payaient, mais qu'elle n'a jamais réussi à en avoir la preuve.

A la mi-mai, le parquet albanais s'est déclaré prêt à coopérer avec le TPI pour l'ex-Yougoslavie si ses experts voulaient entamer des enquêtes en Albanie sur les informations publiées dans ce livre.

Il avait rappelé que les enquêtes préliminaires entamées sur le sujet par des juges d'instruction du TPI venus en Albanie en février 2004 n'avaient débouché sur aucun indice permettant de confirmer les accusations à l'encontre des Albanais.