La justice française a libéré jeudi un violeur récidiviste présumé à la suite d'une erreur d'écriture, une affaire qui a déclenché vendredi la colère des avocats des victimes et un début de polémique avec la ministre de la Justice Rachida Dati.

Jorge Montes, un Français d'origine uruguayenne de 48 ans, soupçonné d'enlèvement, de séquestration et de viols sur deux personnes, a quitté jeudi soir la maison d'arrêt où il était détenu.

La cour d'appel de Paris a commis une simple erreur d'écriture sur un mot, que les règles de procédure n'ont pas permis de corriger. Ainsi, au lieu de confirmer son maintien en détention provisoire, la chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris l'a au contraire infirmé dans un arrêt du 17 octobre.

Elle considérait pourtant que le maintien en prison était «l'unique moyen d'éviter tout renouvellement des infractions» et «nécessaire pour prévenir tout risque de pression sur les témoins et les victimes».

Dénonçant «un dysfonctionnement majeur et rarissime», les avocats des victimes ont annoncé leur intention de se retourner contre l'Etat, et de le poursuivre pour «faute lourde».

La ministre de la Justice, en butte à une fronde des magistrats et des avocats, a demandé à la cour d'appel de Paris de lui apporter «le plus rapidement possible les éléments d'information permettant d'établir les raisons» qui ont conduit à la libération de Jorge Montes.

Le syndicat CFDT a estimé que cette remise en liberté était «la conséquence des décisions» de Mme Dati «et de sa majorité parlementaire».

A sa libération jeudi soir, Jorge Montes s'est vu notifier un contrôle judiciaire lui imposant l'obligation de se présenter dans un commissariat, de remettre son passeport et lui interdisant notamment de s'approcher de ses victimes.

Mais selon plusieurs sources proches du dossier, la cour n'ayant pas prévu de contrôle judiciaire, il ne peut s'en voir imposer un a posteriori.

Son avocat, Me Patrick Maisonneuve, a indiqué à l'AFP qu'il pourrait «contester la régularité» de ce contrôle devant la cour d'appel. Il considère aussi que les six jours passés en prison entre la décision de la cour le 17 octobre et sa libération jeudi constituent même une «détention arbitraire».