La ministre autrichienne de la Justice Maria Berger a confirmé vendredi la réouverture de l'enquête sur l'enlèvement de Natascha Kampusch, deux ans après l'évasion de la jeune femme du cachot où l'avait retenue durant huit ans et demi son ravisseur Wolfgang Priklopil.

Cette décision est destinée à «lever les dernières zones d'ombres», et en premier lieu à s'assurer que Priklopil avait bien agi seul, a-t-elle souligné.

Dans le cas inverse, «cela pourrait signifier qu'il existe d'autres victimes potentielles, et dans l'intérêt de celles-ci, il vaut mieux enquêter trop que trop peu», a-t-elle précisé à l'agence APA.

Après l'évasion de la jeune fille, alors âgée de 18 ans en août 2006, la justice autrichienne avait conclu à l'automne de la même année que Prikopil avait agi seul et l'enquête avait été close.

Mais «il reste des choses à éclaircir dans l'entourage», a ajouté la ministre se fondant sur les dernières conclusions d'une commission d'enquête sur des négligences au ministère de l'Intérieur de l'époque.

L'incapacité à retrouver Natascha, enlevée à l'âge de dix ans sur le chemin de l'école à Vienne en mars 1998 reste l'un des échecs les plus retentissants de l'après-guerre pour la police autrichienne, qui avait déployé des moyens sans précédent.

La jeune femme s'était évadée par ses propres moyens, le 26 août 2006, du pavillon de banlieue à Strasshof où elle avait été retenue dans une cellule souterraine. Agent immobilier, Wolfgang Priklopil, 35 ans, s'était suicidé le soir même en se jetant sous un train.

Natascha Kampusch a salué vendredi la réouverture de son dossier, tout en rappelant qu'à sa connaissance Priklopil avait agi seul.

La commission d'enquête a toutefois considéré que le témoignage d'une fillette de 12 ans qui avait vu l'enlèvement en 1998 et qui avait parlé de deux ravisseurs n'avait pas été suffisamment pris en compte par les enquêteurs.

Aussi la justice souhaite entendre à nouveau le plus proche ami de Priklopil, Ernst H., son associé dans une petite affaire immobilière. Mis hors de cause après l'évasion, ce dernier s'est déclaré prêt à coopérer entièrement avec les autorités, a assuré son avocat.

Selon le quotidien Kurier vendredi, ce témoin avait lors de son audition le soir même de l'évasion demandé «il l'a tuée?» avant même que l'existence de la jeune fille n'eut été évoquée.

Mais Priklopil, qui avait passé plusieurs heures avec lui entre l'évasion et son suicide, a pu n'avoir confié son secret qu'à ce moment là, reconnaît toutefois le journal.

Très sceptique sur l'éventualité d'une complicité, Natascha Kampusch a en revanche insisté auprès de l'agence de presse APA sur la nécessité de mettre à jour les responsabilités dans «l'échec complet de l'enquête».

Elle a notamment rappelé que Priklopil avait été désigné dès avril 1998 par un maître-chien de la police viennoise comme un marginal aimant les armes et soupçonné de tendances pédophiles, mais que cette piste n'avait pas été exploitée «avec le professionnalisme nécessaire».

Natascha Kampusch souhaite également connaître l'origine de fuites sur des détails intimes de sa captivité, publiés au printemps dans le journal gratuit viennois Heute.

La jeune femme a toujours souhaité garder pour elle le détail des liens ambivalents noués avec son ravisseur au cours de ses longues années de détention.

Durant les derniers mois de captivité, Priklopil lui avait permis de l'accompagner lors de certaines de ses sorties. Il l'avait ainsi présentée, notamment à Ernst H., comme son amie. Natascha Kampusch a souligné que son bourreau avait menacée de la tuer sur le champ si elle tentait de s'évader ou d'appeler au secours.

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